Le testament du fou

25 septembre 2014

Le testament du fou

Il n’y a pas de gaieté à décrire ou de fierté à imprimer les derniers jours de mon grand-père chéri, le célèbre Wabo Tayoutué sur du papier ? Si vous aviez vu dans quel trou à rat il a fini. Si vous avez vu dans quel dénuement il a fini. Si vous saviez à quel point il a été délaissé par ses enfants. Et nous ces petits fils, avions à peine six ans. Malgré toutes nos bonnes volontés à le secourir, que pouvions-nous faire à cet âge là ? C’est humiliant voir choquant même que j’affirme que mon grand-père à consommer de la merde à ses derniers jours. Il n’y avait personne à ses cotés pour lui faire la bouffe, pour le nettoyer. Comblé de malheur il avait même perdu les facultés de la vue. Si vous saviez qu’en longueur de journée il faisait appel à ses fils et que personne n’osait venir à ses cotés, vous compatiriez mieux à ma douleur. Pourquoi avait-il mérité ce supplice ? Pourquoi l’avait-on abandonné à son triste sort ? Et comble d’ironie, le jour de son décès, il faut voir la tonne des larmes que ses fils et ses filles ont versés. Ils ont osé laisser croire qu’ils étaient trop chagriné par le décès de Wabo Tayouté, quelle hypocrisie ! Ah ! Grand-père si seulement tu pouvais savoir et mesurer le degré de ma colère quand je pense à ces jours tristes que tu aies vécu à ta fin, tu sauras que si j’étais âgé ; j’aurai eu le courage d’affronter tous les préjugés qui se tissaient autour de ta personne et te porter secours. Chacun se méfiait d’être précipité dans la tombe, il se disait que si l’un de tes fils ou petit fils venait à ton encontre, tu allais saisir cette opportunité pour le livrer à ta secte et guérir. Mes parents sans aucune réflexion ont tous cru et t’ont abandonnés. Ils ont été tous sourds à tes appels de détresse. Ils se sont éloignés de toi comme si tu étais devenu la nouvelle peste. Comme si ça ne suffisait pas, ils t’ont doublement assassinés en détournant ta succession en confiant les rênes de ta succession à l’un de tes fils qui avait de ton vivant marqué son indifférence face aux malheurs de ses frères. Il avait malgré tes recommandations à venir en aide à la venue de son frère, brillé par son indifférence. En le faisant, il signalait par ce fait que la cause générale de la famille ne l’intéressait. Comment pouvait-il prétendre à te succéder, un notable à plusieurs femmes. Comment un homme qui n’avait pas le sens du partage pouvait oser après toi être à ta suite, prendre les rênes de la succession de Wabo Tayoutué ? De ton siège parmi les ancêtres tu as marqué ton mécontentement sur le choix de cet oncle et il a désisté. Avait-il le choix ? Ses affaires étaient en plus mal, il passa par la prison de New-Belle pour une affaire dont-il était parfaitement innocent. Il fut licencié sans aucun aménagement, sans aucune prime, il a payé au prix fort à succéder quelqu’un que de son vivant il avait déshonoré. Cet héritier indigne a perdu également ta concession, tout est en décrépitude. Heureusement que par la suite les notables et les autres se sont concentrés pour donner la place à l’héritier légitime. Grand-père depuis que ton héritier légitime est sorti de l’ombre de ceux qui voulaient détourner ta succession, tout semble aller pour le mieux mais, j’ai toujours les relents de colère. Ce jour où on est venu annoncer ton décès chez ma mère, j’ai été pris dans la tourmente et j’ai eu une grosse colère à entendre que l’on t’avait retrouvé mort au pied d’un arbre. Comment expliquer qu’un homme à ta renommée, à la force de tes enfants, ait pu avoir comme dernier refuge, un arbre ? Ou étaient tes filles et tes fils pour ne pas te porter dans une chambre confortable, dans un lit d’hôpital ? Depuis ce jour, je n’ai rien contre ces gouvernements qui, d’une manière à un autre contraignent les enfants à veiller sur leur personne âgée. Grand-père, tu es mort et tu laisse un grand vide, c’est sur que tu avais encore autre enseignement à me donner. En effet, bien que tu sois déjà dans le monde des invisibles, et que tu es devenu une entité parmi les dieux de la famille qui bercent nos vies, soit bienveillant à l’égard de tes petits fils. Je sais que tu contes les mésaventures de tes derniers jours sur notre planète terre à tous ceux des tiens qui t’ont précédés dans l’au-delà. Ne les invite pas à nous maudire mais, ait la grandeur d’âme de pardonner nos erreurs surtout celles de nos parents.

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Commentaires

kaptueflorian
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Il est mort en délirant mais même dans cet état, il avait laissé bel et bien un testament. De son piédestal chez les devins, les dieux qui bercent nos vies, il a manœuvré pour que ce testament soit définitivement respecté. Et comment lisons ...