Afrique, comment en finir avec les enfants démons ?

Article : Afrique, comment en finir avec les enfants démons ?
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21 novembre 2014

Afrique, comment en finir avec les enfants démons ?

 

Musée_royal_d'Afrique_centrale_-_Figurine_de_mère_et_enfant,_utilisé_ea_pour_le_culte_des_ancêtres,_Yombe,_Congo-KinshasaLa conscience collective se construit avec l’imaginaire d’un peuple, elle se nourrit aussi du vécu quotidien de ce peuple et certains faits sont admis comme vrais souvent parce qu’à cette époque, la science ou aucun mécanisme n’ont pas permis d’éradiquer ou de trouver des palliatifs à cette fatalité.
Cela peut-être le cas pour les enfants démons, pourquoi parle-t-on d’enfant démon ? Pourquoi dit-on que ces enfants sont conçus congénitalement avec les relents sataniques ? Autant de questions qui nous ramènent aux croyances et traditions.

Dans notre société on demande aux femmes enceintes de ne point faire de navettes à des heures tardives la nuit et de ne pas traverser les carrefours où elles pourront y trouver des fétiches parfois déposés par des gens qui viennent à ces endroits pour exorciser le mauvais sort. Mon village a souffert de ce genre de vent et l’un de mes oncles a payé le prix fort de cette ségrégation innée qui dès la naissance séparait les enfants en deux groupes distincts. Mon grand-oncle n’existerait plus sans l’entêtement de ma grand-mère à ne point se séparer de son petit-fils pour des raisons qu’elle estimait à juste titre non fondées.

Mon oncle a eu la chance d’avoir la vie sauve. Dans certaines familles, d’autres enfants n’ont pas eu la même chance. En effet, qu’est-ce-qui caractérise ces enfants démons ? Très souvent ce sont des enfants fragiles maladies durant de longs mois et parfois des années. Des tentatives de guérison sont entreprises, mais échouent.
Avec le temps, les familles baissent les bras et l’enfant succombe au mal. Généralement pour la mort d’un tel enfant, la mère est soumise à un rite de purification initié pour couper les liens avec cet enfant.

Ce rite sous-tend une ou deux hypothèses, que ce genre d’enfant ne revienne plus au sein de la famille ou alors que le mort ne revienne plus ennuyer la famille.
Pour ce qui est de mon oncle, ce dernier a eu des problèmes de santé pendant sept ans et sa mère n’a pas résisté à cette situation. Toute la famille en pâtissait et certains ont vu un charlatan qui leur a conseillé de déposer le malade, identifié comme un enfant démon, auprès du fleuve Noun afin qu’il aille suivre rejoindre ses frères sorciers, des possédés du diable.
Ma grand-mère fit face à cette décision et garda son enfant, son unique garçon. Miraculeusement, au bout de huit mois, mon oncle commença par ramper et à se porter mieux. Un an plus tard, il bredouilla ses premières paroles. Un retour à la vie grâce au courage et à la volonté de ma grand-mère.

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