à la recherche du crâne de l’un de mes ancêtre

4 décembre 2014

à la recherche du crâne de l’un de mes ancêtre

Mourir en héros
Tel pourrait le sens que l’on donnerait à la mort de l’un de mes oncles.
Nous sommes dans les années 1900, une période de braise en Afrique dû à l’émigration des peuples. Des villages se dressent les uns contre les autres à la recherche des nouvelles terres cultivables et propices à l’habitat.
Notre communauté village ne s’est pas constituée en dehors de cette logique, elle engagera son armée, une multitude de vaillants jeunes guerriers formés à manier les lances, les coupes-coupes, les flèches empoisonnées, à creuser les fosses ou les tranchées pour qu’elles se referment sur les soldats ennemis.
Cet ancêtre pour qui, je perdrai plus tard un mois de mes précieuses vacances pour me concentrer à retrouver ses traces, n’était pas pourtant admis parmi les hommes de troupe étudiant les stratégies de guerre à mettre sur pied pour vaincre les soldats ennemis.
Naturellement, il n’avait pas été nanti à l’instar de son frère ainé, des atouts d’un guerrier. Son ainé était général des troupes, il avait une forte personnalité, bon harangueur de foule, physiquement imposant, ingénieux. A l’inverse son Tabue son cadet victime d’un complexe d’infériorité, jouissait dans la gent féminine, une impressionnante sympathie, on l’appelait affectueusement le blanc à cause de son teint clair.
Ma grande mère dira de lui plus tard qu’aucune fille ne résistait à son charme légitime, plus d’une s’était bagarrée pour son exclusivité. Malheureusement cet ancêtre ne vivait pas sa situation de garçon de charme comme un prestige, malgré que toutes les filles fussent à ses genoux, il souffrait le fait d’être écarté du rôle régalien assigné à d’autres hommes à cette époque pour garantir à la population, des nouvelles zones cultivables et habitables.
C’est ainsi que contre toute attente, lors d’une guerre, il se décida sans avis favorable de son frère ainé, le meneur des troupes de les suivre à son insu. Sa maman déploya plusieurs moyens pour le dissuader sans succès, la seule qui eût dit à cette dernière et qui fut le point focal de son envie d’être guerrier ce fut qu’il voulait devenir un vrai homme, se différencier des femmes qui pendant les grandes batailles n’avaient pour seul devoir que de surveiller les enfants et les maisons. Sur ce il prit le chemin de la bataille pour ne plus jamais revenir sur ses pas.
Des années plus tard, son crâne ne comptait pas parmi ceux des aïeux soigneusement protégés et gardés dans notre case sacrée. C’est suite à plusieurs événements malheureux dans la famille et surtout ce mariage ingrat qu’avait contracté l’une de ses filles, vingt ans sans enfant malgré tout les moyens conjugués que un devin nous instruira d’aller chercher ce crâne et de le joindre à ceux de ses frères et que seule la trouvaille de crâne devrait nous sortir des ennuis.
C’était un mois de décembre, j’étais allé à l’ouest voir le grand- père, le célèbre Wabo Tayoutue, il m’associa à l’expédition qui devait suivre les traces de cet aïeux pour espérer ramener ses restes au village.
L’on se renseigna d’abord sur la bataille qu’il s’était engagé, le devin nous convia à aller par le nord et de suivre la route jusqu’à la croisée de celle joignant le village limitrophe, un carrefour réputé pour avoir reçu des morts issus de la bataille entre les peuple riverains.
A cet endroit précis, il était question de y jeter les jujubes, une paire d’arbre de paix, des cauris, de deux poules sans oublier de bredouiller des paroles dont mon grand- père ayant le secret se chargea, il fallait implorer l’élan du cœur ses dieux qui gardent ce carrefour pour qui nous accompagne dans ce boulot et laissent prendre en ce lieu une motte de terre qui devait symboliser à l’avenir le crâne de cet ancêtre disparu.
De retour à la concession, la terre prélevée fut moulée sur forme d’un crâne que nous avions enfoui au sol dans la case sacrée auprès des autres. Ceci fut fait après une brève cérémonie de réjouissance suivi d’un rite particulier, un menu typiquement traditionnel, un malaxé de mais écrasé, mêlé à l’huile rouge, du haricot, des jujubes, de kola et autres complément dont j’ignore ont arrosé cette cérémonie courue par toute la famille.
Quelque mois plus tard, nous fûmes unanimes que les aïeux s’étaient réjouis d’avoir leur frère auprès d’eux. Nous avions eu l’impression que pour marquer leur entière satisfaction, ils avaient eu à surseoir leur courroux, le mauvais qui avait secoué toute la famille s’était rangé dans les calendes grecque. Nous commençâmes peu à peu à vivre des moments heureux, la fille du défunt Tabue mis au monde enfin deux jumelles.

Étiquettes
Partagez

Commentaires