ce singe que mon tuteur aimait mieux que moi

8 décembre 2014

ce singe que mon tuteur aimait mieux que moi

Ceux qui me connaissent, savent que je suis né dans une bourgeoisie sans pareille. D’aucuns et surtout la gent féminine enviaient cet égard naturelle que j’eus de naissance, malheureusement sans grand savoir sur ma misère profonde.
Fils de Feynman, la nature m’avait pourvu des atouts certains et des privilèges incommensurables. Dommage qu’au crépuscule de mon cycle secondaire, je n’eus pas les moyens financiers pour clôturer en beauté ma classe de terminale conséquence, je suis un sans bac.
Un complexe qui m’a muselé et rendu aigri toutes ces années écoulées, de l’extérieur, l’on croyait
Que je faisais l’économie des finances que mon oncle mettait à ma disposition. Quelle illusion la conscience populaire quand elle est loin de la dure réalité. Si vous saviez qu’en réalité je n’avais jamais bénéficié d’un seul sou pour argent de poche.
Si vous vous saviez que les fringues que j’arborai provenaient de frère cadet qu’ayant compris plutôt qu’il ne fallait pas s’attendre d’un coup de pouce de la famille, s’était jeté dans la gueule des loups et s’en tirait au mieux.
Les filles du quartier rêvaient toutes être mes compagnes, les plus téméraires me draguaient et je jouais au sadomasochisme, c’était le seul moyen pour ne pas trahir ma grande misère au grand jour avant l’heure.
Mon tuteur aimait son singe que moi, plus d’une fois, révolté, je n’ai pas nourri cet animal et quand la supercherie fut découverte , je fus nourri du fouet et des insultes à longueur de journée.
C’est ainsi qu’un jour débordé, je suis parti de chez mon oncle en demi culotte, laissant sans regret derrière moi l’immense bourgeoisie que d’aucuns enviaient.
Je pouvais manquer de friandises et de repas, le singe était mieux entretenu que moi et bénéficiait même des soins médicaux réguliers et des consultations particulières chez un vétérinaire de la ville de bonabérie.
Ma vie est faite de luttes psychologiques, je me surprends parfois de n’avoir jamais pensé au suicide, chaque pan de ma vie est marqué par des difficultés énormes et cela s’est fait ressentir sur ma vie matrimoniale, par-rapport à mes égaux je suis en retard d’une décennie.
Je ne fus consolé que lorsque je connus l’univers des enfants de la rue, d’aucuns de ces enfants ont vécu dans des égouts et ont mangé de la vraie merde.
La sœur Marie Roumy me dit un jour quand je lui contais mes déboires d’adolescent et en lui rappelant que je suis né sur une mauvaise étoile et que j’étais marqué pour endurer des souffrances au quotidien me dit qu’elle aussi avait un passé douloureux, que sa tante aimait son chat qu’elle sa nièce.
Ah, ces histoires parallèles ont parfois d’une manière hasardeuse et anodine un même dénominateur commun.
Mon tuteur était un affairé, tout le temps, il était parti en Europe ou en Amérique du nord au profit de ses affaires. Malheureusement, il ne me faisait pas un iota de confiance, j’étais le démon et sa femme le confortait dans cette logique. Pour tout rapport à mon égard, j’étais « kaptué wendé muna ébobé, ebobé dita »excusez que j’écorche la langue duala, ceci veut dire littéralement « kaptué est un mauvais garçon, trop méchant ».
Mon tuteur croyait dur en elle et je soufrai de ne point être confronté à elle, être écouté, dans l’embarras et la solitude, je broyais du noir.
Je n’ai jamais su si mon tuteur maitrisait autre phrase en langue duala que celle « kaptue wendé muna ebobé, ebobé dita » une phrase qui s’était mis à répéter à tout le monde à la suite de sa tendre et chère épouse.
C’est dans cet amertume que je franchi la barrière qui couvrait ma ténébreuse misère au deuxième trimestre de l’année 1994.J’étais sensé être en classe comme mes frères mais j’étais retenu à la maison pour veiller sur un animal.
J’ai encore sur moi les marques de la morsure de ce fameux singe, cet animal s’était révolté du fait que j’ai tardé à le donné son manger. Ces cicatrices réveillent chaque fois en moi toutes les souffrances, les calomnies et les insultes à l égard de ma famille nucléaire.
Je les croyais profondément endormies dans mon être mais hélas.

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