Les éclaireurs de la cité

4 mars 2015

Les éclaireurs de la cité

Un, deux, trois, et, c’était reparti pour la dixième compétition des brillants éclaireurs de la cité. L’objectif était de couvrir les couacs qui inhibaient l’éclosion des jeunes du village depuis quatre décennies.
Le vainqueur, celui qui dénichera l’énigme, qui pourrait lire l’oracle des dieux aura en prime, la jeune princesse Malda, l’héritière du trône de ce peuple enfoui dans les profondeurs de la grande forêt équatoriale Africaine. Cela faisait exactement quatre décennies qu’aucun fils du village n’avait reçu aucune promotion et le village mourait dans une détresse profonde sans qu’on ne sache d’où provenait le mal.
La rareté des pluies et la perturbation des saisons qui avait modifié les récoltes agricoles et fait perdre le bétail domestique et autre avait été de trop et cela avait conduit les sages du village à organiser une compétition serrée parmi les éclaireurs du village pour en finir avec le mauvais sort qui, avait pris possession du village et de son peuple.
Les intentions de certains agitateurs de la magie noire n’avaient pas fourni des résultats escomptés. Il fallait agir autrement et faire confiance même à ceux dont l’on sous-estimait leur talent ou leur génie.
Ainsi était née l’idée d’organiser un large concours qui permettrait de dénicher le génie rare qui soulagerait par ses prouesses, les souffrances d’un peuple.
Le village était couvert d’un paradoxe, si en résultat scolaire les élèves et les étudiants excellaient par des bonnes notes pour l’entrée en classe supérieure et aux examens, là où ils étaient le plus attendus,le concours des cadres de l’administration, de l’armée, des douanes, de la police, de la banque, personne ne rayonnait de succès.
Autre mystère, tous ceux déjà introduits dans le sérail de la haute administration qui pouvaient défendre les couleurs du village mouraient les uns après les autres sans que l’on comprenne quel mal les terrassait.
Comme si cela ne suffisait pas, à cette détresse d’un peuple s’était greffée la famine due aux multiples perturbations du calendrier des pluies.
Le peuple ne savait plus à quel saint se vouer. Seule la compétition organisée parmi ceux qui savent lire, interpréter l’avenir et sonder les torts du passé qui nous rattrapent suscitait un regain d’espoir pour ce peuple de la grande forêt équatoriale.
Déjà, il avait eu neuf fois la même compétition sans effet positif ou incidence positive sur le quotidien dramatique de ce peuple.
La deuxième année qui correspondait à l’acte dix de la compétition devait dévoiler à son issue l’heureux prodige qui sauverait le village et son peuple de l’hécatombe.
La misère ambiante avait son corollaire, le décès des enfants et des vieilles personnes ne pouvant plus supporter de faire le jeune ou de ne manger au plus d’un repas par jour. La situation était désastreuse et tous imploraient le Seigneur d’être indulgent et d’ouvrir les sagesses et l’intelligence des compétiteurs afin que l’un d’eux définisse les rouleaux d’étranglement.
Plus l’imminence du jour de la compétition ne se rapprochait, les cœurs battaient d’une liesse de joie et il y avait comme une fièvre qui semblait gagner également une partie de la population. L’ambiance n’était pas trop gaie. Tous semblaient s’accorder sur le fait qu’enfin l’on verrait le bout du tunnel et déboucherait sur une solution qui enchanterait tout le village.
Qu’est-ce qu’il expliquait qu’en quatre décennies, un village jadis prospère, réputé des prouesses de ses habitants avait subitement sombré ? C’est cette énigme qu’il fallait décrypter et donner des pistes de réflexion ou sinon des solutions pour remédier à ces difficultés rapidement
Les dés étaient jetés et chacun des compétiteurs allait à sa manière pour démonter les raisons d’une telle déchéance. Chaque marabout allait installer son QG (Quartier général) à la place publique du village et essayer de conjurer ses dieux, ses défunts, ses maîtres pour couper nette à la souffrance du peuple et être porté en triomphe par la population. Au terme d’une semaine, le temps requis officiellement pour concourir, celui des marabouts qui penserait avoir trouvé eu de bonnes idées devait se proclamer au chef. Trois mois lui seraient accordés pour vérifier sa solution.
Les trois mois correspondaient aux résultats des concours officiels et pour s’en convaincre, si un fils du village était reçu, il aurait une main sur la cuisse de la princesse Malda.
Cette dernière avait vu pour la cause du village sa vie sentimentale chambouler. Elle devait désormais épouser un inconnu, le vainqueur de la compétition des éclaireurs de la cité au détriment du prince Bangou alors qu’elle brûlait de mille feux pour lui.
La famille royale était prise au dépourvu, elle savait que, l’héritière du trône en repoussant un étrange inconnu donnait des opportunités à la lignée royale d’échapper dorénavant à la culture du pur sang. Un culte vénéré des pères fondateurs de la chefferie de ce petit village perdu au cour de la forêt équatoriale africaine. Malheureusement, le contenu du trophée était la seule chose pour laquelle les éclaireurs de la cité pouvaient rivaliser d’adresse sans commune mesure. Pour avoir la princesse Malda dans ses draps, les éclaireurs de la cité pouvaient se surpasser pour appartenir à la famille royale.
Mordiller les seins et découvrir la sensualité des lèvres de la princesse étaient un pari fou, for,t irraisonnable.
Avec le déluge qui s’abattait sur le village même un fils de cul de jatte pourrait s’offrir le luxe d’avoir un jour Malda, la princesse héritière du trône comme épouse à l’issue de ce concours.  Le jour J deux candidats se présentèrent devant le roi, estimant avoir décelés l’énigme des oracles et l’appel des dieux. Les deux semblaient s’être mis en parties mais l’œil témoin des assistants témoignant que chacun avait exercé seul même s’ils débouchaient sur une même conclusion à savoir, aller retrouver les traces de celui qui fonda la lignée des princes il y avait plus de deux siècles. Face à une telle conclusion, tout le village s’alarma car de nos jours il était presque impossible de retrouver ces traces. La conscience collective se rappelait néanmoins la dernière guerre à laquelle le roi, le tout premier roi de ce village avait dûment participé et laissé la vie.
Il fut donc question de retourner à ces terres faire des sacrifices et d’y prendre symboliquement une motte de terre à l’un des carrefours pour signifier traditionnellement que le village était reconnaissant des talents guerriers de ce roi et qu’en chœur, on ramenait sa dépouille parmi les siens.
Une semaine de deuil fut décrétée et la motte de terre ramenée de ce lointain village fut enfouie au sol dans la case sacrée auprès de ceux qui avaient continué à diriger le peuple.
Cette étape fut le préliminaire des actions menées par les deux éclaireurs de la cité. Après, ils donnèrent de l’huile, des jujubes, des cauris et des sacrifices de chèvres, des poules et du poisson aux différents divinités des lieux sacrés. Bref, ils exorcisèrent le village des malheurs dont il était victime.
Après ces travaux, seul le résultat aux différents concours administratifs devait témoigner de la réussite des actions engagées. Trois mois après, six enfants du terroir réussirent au concours d’entrée à l’école normale de la magistrature, ce fut un pari réussi pour les deux éclaireurs de la cité.
Maintenant il fallait résoudre le différend qui devait désormais opposer les deux. Lequel devait épouser la princesse Malda ?
Le village les renvoya aux conciliabules. Ce qui ressort de ces réunions secrètes entre les deux jeunes hommes c’est que, le roi aurait fait usage de tout son pesant d’or pour que le noble, le plus Huppé des deux épouse sa fille. LA princesse descendait bas mais restait néanmoins dans une famille témoignant d’une grande dignité et de richesse au village.

Étiquettes
Partagez

Commentaires