Afrique, l’autre calvaire des veuves

20 avril 2015

Afrique, l’autre calvaire des veuves

Tu dois t’éloigner des biens de notre frère, va t-en avec tes enfants.
Entre douleur, déchirure et humiliation des pratiques du rite de veuvage, les veuves sont confrontées à autre une cruauté que la disparition de leur mari. Elles doivent faire face à la belle-famille.

La belle-famille joue des calculs malsains et pourquoi ? S’il faut reconsidérer foncièrement le rite du veuvage et surtout ses corollaires dans l’Afrique antique, le rite deviendrait salutaire pour l’unicité de la famille et le bien-être des enfants. Si nous restons dans l’idéal précurseur de prendre en secondes noces, un frère du mari défunt, l’on note là la volonté de la belle-famille à ne point laisser choir dans la déchéance financière, la veuve et l’éloignement familial pour les enfants. Et surtout, il faut noter qu’une fille dotée a plus ou moins une connotation de valeur immobilière dont la possession est éternellement exclusive à sa belle-famille. Cet aspect économique a gagné le pas au fil des ans sur toutes les autres considérations. Si au moment du deuil, les inventaires sont faits sur l’ensemble des emprunts et des avoirs du concerné, les responsables ne s’y penchent pas dans l’optique de secourir la veuve à payer les créances de son mari. Si l’on découvre que le défunt a laissé un réservoir de dettes, la veuve n’intéresse plus personne et dès que le deuil est terminé, chacun se retire au plus vite, feignant même ne pas savoir qu’ils ont des neveux et nièces désormais orphelins et sans secours. Les mentalités africaines sont de plus en plus pernicieuses.

Il y a juste deux semaines une de mes amies de classe a perdu son mari. Avant même que le corps du défunt ne sorte de la morgue pour sa dernière demeure, la famille était déjà en déchirure, une bagarre générale s’était installée entre les membres de ladite famille.
Sa belle-famille arguait que bien que mariée légitimement, elle se devait s’éloigner des biens de leur fils. Les plus téméraires furent surpris en train de fouiller dans les affaires du couple : armoires, tiroirs des lits à la recherche des titres fonciers et des cartes grises des véhicules. Devant les voisins étonnés et furieux, ils justifièrent leur acte par l’absence d’enfant depuis une dizaine d’années de vie conjugale. Selon eux, la femme devrait donc repartir comme elle était venue.

Quelle Afrique !

Personne cette fois-ci ne voulait de la veuve même pas pour épouse. Qu’importe si cette femme allait vivre dans la misère. Chacun voulant arracher une parcelle de bien et se disparaître dans la nature. Voilà ou nous en sommes arrivés pauvres Africains. Des hommes qui, pouvaient se vanter il y a peut- être un siècle d’être l’incarnation des valeurs nobles de l’unicité familiale, la solidarité et la charité. Tous sont désormais peints d’hypocrisie. Les veuves naïves se laissent amadouer par des durs hypocrites. Ces derniers en courtisant les veuves n’ont qu’une seule idée, jouer à l’amoureux et soutirer les C FA que possède la femme. Une fois la ruine installée, ils s’éclipsent pour s’occuper de leur vraie famille au grand dam de la veuve éplorée, solitaire et ruinée.

Mon grand père, le célèbre Wabo Tayoutue avait pris en autres noces les veuves de ses frères, mais il était difficile de voir la différence. Le traitement des enfants et des petits-fils que nous étions n’était pas à multiples vitesses. Ce ne fut que plus tard après le décès de mon grand-père et ses femmes que dans la reconstitution de l’histoire familiale nous nous sommes rendu compte de l’évidence. Nous fûmes de plus en plus surpris par le témoignage de nos oncles et nos tantes qui affirmèrent que le grand-père préférait satisfaire et gâter les veuves de ses frères et leurs enfants plutôt que ses propres enfants et femmes.

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