Querelle d’identité culturelle entre deux communautés villageoises au Cameroun

28 septembre 2014

Querelle d’identité culturelle entre deux communautés villageoises au Cameroun

Une note de l’église. Heureux sont ceux qui ont faim, ils auront le saint esprit plein l’estomac. Heureux ceux qui ont soif, ils auront la coupe divine pleine la panse. Heureux ceux qui recherchent l’équité, ils auront la terre promise, terre trois fois sainte comme demeure. En ces sublimes phrases, le père Kamga nouveau curé du diocèse, doublé fils du village avait ainsi auguré l’entame de sa première messe. En l’honneur à ce prélat, jamais le public ne s’était réuni si nombreux à un rendez vous. La paroisse saint esprit de HOK Bamoudjo avait fait le plein d’œuf, il n’ y’avait pas d’espace dans cette salle archi comblé même pour le moindre insecte. Cet évènement était doublement attendu par la communauté à plus d’un titre. Primo Bamoudjo venait de gagner en dignité. Le père Kamga du haut de son autel ou de son prétoire ignorait toutes les attentes que son rang distinctif au sein du clergé catholique avait suscité auprès de la communauté chrétienne et dans les différents milieux, composant la population de la région et surtout également au sein de la sphère politique, administrative du KOUNG-KhI .pour plus d’une raison, il incarnait l’ultime espoir pour un peuple meurtri depuis soixante ans par un conflit fratricide dont les enchères et les surenchères étaient entretenus par des administrateurs civils et militaire de la région. La gestion de ce conflit étant devenu pour ces dissolus une opportunité pour se faire pleines les poches au détriment de ce peuple aux abois. Ce peuple pris dans ce guet apens d’un conflit idiot était victime d’une escroquerie et pis parfois avait la complicité de ses fils, loin de démêler les nœuds pour pacifier la zone, triomphaient par la recherche des intérêts particuliers. D’où, un autre reconnu pour ses appétits fonciers est venu s’accaparer avec l’armée en appui de plus de cent mille hectares de terre au grand dam des paysannes complètement spoliées. Par bien de récompense pour un peuple qui vit sous le poids d’énormes injustices et coiffé de plus d’un bandit politique car il faut dire que Bamoudjo était devenu un fief électoral pour tous ces fieffés menteurs de politiciens en quête d’électeur pour briguer différents postes lors des multiples élections. Avoir un fils du village dans le clergé catholique qui sans doute pouvait jouer un rôle prépondérant dans la gestion de cette crise en raison de l’attachement des élites de la région pour cette religion était un pesant d’or, un don divin, incomparable. Et du coup à la suite de Kamga devait naître des ministres, des administrateurs civils et corps d’arme, des hommes d’affaires d’un aura particulier ; surtout pas des âmes dissolues. Jamais plus d’avatars et une élite affamée espérait-on. Qui était donc cet homme qui remportait tous les suffrages pour la gestion future de la crise ? Arraché tôt du cordon ombilical par le décès de sa mère, admis à l’orphelinat de la mission catholique, Kamga fit ses classes aux frais de l’église et aux soins des spiritains. Nanti quelques années plus tard d’une licence en philosophie il accéda naturellement au grand séminaire pour y ressortir prêtre non sans beaucoup d’abnégation car devenir prêtre laissa un goût mi figue mi raisin pour sa famille nucléaire qui avait dûment souhaité qu’il succède à son défunt père et fonde une nombreuse famille pour peuplé la grande concession de son géniteur qui, n’eut pas la chance d’avoir en dehors de Kamga, une large semence vivante. Peu importe, désormais Kamga était prêtre et il sera le soleil d’un peuple. Drapé dans leur arrogant accoutrement, assis sur une chaise mousseuse, du haut de son autel, accompagné de ses pairs, Kamga que pour cette cérémonie avait reçu tout le prestige de son peuple contemplait avec allégresse les pas rythmés et cadencés, la multitude des danses folkloriques et les louanges chantées en son honneur devait sûrement faire des jaloux car c’était pour une toute première fois que le tapis rouge, signe distinctif des rois était déroulé pour un fils du village. En cela, il fallait ajouter la pléthore des cadeaux et leur beauté. Des habits faits de soi d’une haute gamme, des toges conçues dans un style profondément traditionnel et ensellés en peaux d’animaux les plus expressifs dans les coutumes et marqués des cauris, marque de variété d’hommes prestigieux dans la communauté à son instar. En somme, le cadeau d’une haute portée symbolique qu’il reçu et ceci des mains du roi de la communauté fut un bâton de commandement tapissé dans le plus grand secret des tisserands, pour ce, ces artistes n’ont pas fait dans l’économie de leur art. Désormais, Kamga devenait le phare du peuple. Cet homme d’un mètre presque quatre vingt centimètre, chauve, aux yeux ressortis légèrement des orbites, doué d’une sagesse et d’une intelligence extraordinaire comme laissèrent entendre ses enseignants, devait il être à la hauteur de toutes ses attentes ? Certains signes précurseurs témoignèrent d’ores et déjà des lendemains heureux. L’église qui accueillait Kamga, construite par une élite très contestée par une frange de la population Moudjo en raison de son rôle trouble dans la gestion du conflit et du fait que, c’est sur ordre que les gendarmes donnèrent une fessée horrible et inoubliable aux vieilles femmes, ces septuagénaires venues réclamer naturellement droit de propriété sur leur terre que de force, ce fameux élite s’accaparait. Jamais la presse ne fit mention de cette acte hideux même pas le comité local des droits de l’homme. L’adage selon lequel la raison et la force suivent toujours ceux qui ont de l’argent s’est une fois de plus vérifié. Pour ce énième événement et relativement trop proche de la manifestation sacre mentale du prêtre, on avait craint que l’église ne rassemble pas tous ses ouailles de la région et que surtout tous ceux qui pouvaient jouer un rôle fondamental et déterminant dans le déroulement de cette fraude ne viennent pas à ce rendez-vous capital. Au vu de tous les abonnées présents au rendez-vous ce fut une erreur d’avoir pensé que d’aucuns ne viendraient pas. Nos sombres et funestes idées n’avaient pas eux droit de cité, nos idées étaient des fruits dénoués de toute saveur. Tous les grands dignitaires, hommes politiques économiques, administrateurs civils et militaires y compris les gendarmes, les notables, les patriarches de grand acabit et même le collectif de ces vieilles femmes qui récurent jadis la fessée du milliardaire fut présent. On semblait croire que les dieux accordaient désormais leur violon pour pacifier la zone .pour le peuple Bamoudjo, c’était un ciel nouveau. Pour accompagner cette symbiose, père KAMGA choisi pour la célébration eucharistique, deux éléments fondamentales qui concourent à la réalisation de l’osmose et rend homogène toutes les surfaces disparates. La cola fut servi en lieu et place de la communion. De part son importance dans nos coutumes ou traditions, elle symbolise le partage et l’amitié. C’était ainsi une invite, aux deux peuples fratricides de cesser de se regarder en chien de faïence. De vivre dorénavant main dans la main et de chanter à l’unisson l’hymne de la paix en chantant ‘‘donnons nous la paix’’. Père KAMGA, sans faire l’économie de sa sagesse, choisit deux élites qui pesaient du poids d’un éléphant dans ce conflit. Il les invita sur l’estrade et leur donna un bâton de bambou sec. Ordonna à chacun de le briser ce qu’ils furent sans peine et sans gêne. A la suite, il ajouta à chacun trois autres bâtons liés par une corde. A sa demande, aucuns des deux élites ne défia la ténacité et la rudesse du paquet. Voilà dit-il en terme de conclusion ‘‘Ensemble, nous sommes plus fort’’. Cette ruse plut à plus d’un ancien, la mémoire de l’Afrique restait encore vivante sinon, d’où venait-il qu’un enfant parti trop tôt du village vers des lieux lointains et étrangers garda encore en mémoire, la vieille sagesse africaine. WABO SOFFO, le plus ancien des patriarches se félicita des merveilles des dieux, en venant en cette cérémonie, il avait pris soin d’aller dans les différentes lieux sacrés du village et surtout au pied du grand Baobab qui jouxte. L’entrée de la chefferie Moudjo, faire d’énorme sacrifices aux dieux, protecteurs et gardiens du village. Ce patriarche aux jambes déjà frêles mais à ma mémoire très fraîche nous fit étalage de savoirs de sa bibliothèque. Sa petite tête ronde dégarnie au trois quart des cheveux était vraiment une mine de savoir. Son regard pétillait de sagesse, sa voix entre coupée par des sarcasmes à notre égard laissait en même temps trahir ses émotions et ses convictions. Comment en vient-on à ce conflit idiot ? Jamais, l’administration a été si corrompu. Jamais les dignitaires et les patriarches et même autres chefferies de la localité n’ont prêché de mauvaise. Ils ont pris du plaisir à voir couler la dynastie Moudjo. Jamais les princes et certains nobles ou élites Moudjo n’ont été si saugrenus. Nous, fils Moudjo avons si peu souvent regardé dans la même direction. Nous avons tous eu des langues de vipères pour certains de nos frères qui en vrai patriote ont voulu se donner pour notre village. Comment comprendre qu’en raison d’une bande de vautours ou de charognards WABO Teti a démissionné de la construction d’un palais pour le village. Voici que depuis 60 ans, nous n’avons plus eu de fils digne de faire un tel don. Ce n’est que regret et je coule les larmes sur mon village. Dans les années 1960, le chef Bamoudjo patronnait comme chef du tribunal coutumier à l’ouest. Comment l’histoire veut-il le nier ? Que le président Amadou Ahidjo sorte de sa tombe et laisse libre cours aux documents historiques, pour ce, mon fils, le nouveau prélat, peut faire ressortir aux yeux du monde toute la documentation et archives de l’église. Personne ne niera que l’église est construite sur la terre des Moudjo et non Famla II, ce nom de rat dont certaines élites mal intentionnés le revêtent comme manteau. Au demeurant, voici la petite histoire. Dans les années 1960, lors de l’ascension du président Amadou Ahidjo après les indépendances comme le premier président de la République unie du Cameroun, il développa une politique axée sur le développement autocentrée. Bamoudjo porté par un administrateur civil de regretté mémoire Beloe fit de cette politique son cheval de bataille. Le peuple Bamoudjo débout comme un seul homme construira la case de santé, développera une école primaire et au vu de ce maigre progrès, Bamoudjo fut pris comme un repère au point d’être pointé comme le village pilote. C’est donc à partie de ces moments que des rivalités sourdines entre les villages de l’actuel KOUNG-KHI eurent des jalons. Chaque village voulant se développer en absorbant les efforts conjugués des autres, pourquoi pas les annexer tout simplement. Nous avons redouté, fils du village Moudjo que la construction de l’Eglise, par un fils parfait exemple des idées annexionnistes du village voisin soit une stratégie d’élargir les terres de ce village. ‘‘Heureux ceux qui ont le christ en partage il ne suffit pas de construire les Eglises il faut vivre cet acte de charité et de partage avec l’autre’’ Mes fils sans avoir fait l’école de théologie excusez que j’usurpe la place de père KAMGA un instant. Aura-t-il le courage de le dire à ses ouailles d’une manière forte et courageuse ? Pour les morts de ce conflit, pour des relations d’amitié sapées ou détruites par ce conflit, pour l’escroquerie du peuple, quand les coupables de tous bords se confesseront ? Cette tirade fut interrompue par le bréviaire du prêtre. Le Dieu que nous servons est un Dieu juste. Heureux ceux qui rétribuent la justice. Ils seront assis à la table des saints. Cependant, il ne suffit pas de prêcher l’illusion et d’amener le peuple de Dieu à douter de la rectitude de votre pensée ou amour. Soyons fidèle à l’écriture. Que A, soit A et que la parole inscrite sur du roc serve de repère à l’église et à la multitude des hommes qui cherchent la vérité et veulent vivre en paix et en harmonie. L’Eglise devant s’élever des considérations politiques et économiques. L’Eglise devant s’élever des orgueils des hommes pour demeurer le regard vertical de Dieu. Que chaque homme qui veut accompagner l’Eglise dans l’accomplissement de sa tâche se dénoue de ses faiblesses de ses lamentations de son orgueil et s’humilie devant les hommes pour le triomphe de la vérité. A ce prix, il gagnera le salut de l’éternel et vivra auprès du christ qui n’avait qu’un seul mot comme dénominateur commun ‘‘Le pardon’’. A ce titre, chers frères et sœurs en christ, humblement, laissons fléchir nos jambes et disons-nous pardon. Pour la communauté ecclésiastique se lève un ciel nouveau. Grâce à l’éternel qui ne cesse d’accomplir les merveilles, nous ne sommes pas encore totalement aux portes du désarroi, il reste en nous un dernier souffle. La prédication du prêtre eut quelques années plus tard des effets positifs. Si un jour il vous arrive de voyager par le pays Bamiléké à l’Ouest du fleuve Noun, vous trouverez à l’extrémité de la rive gauche, un majestueux Baobab. La marque légitime de la chefferie Bamoudjo. Cet arbre verdoyant aujourd’hui est revenu il y a si peu de son état comateux. Après la vacance de sa chefferie, sa majesté, KENGNE Anatole vient d’être intronisé comme le quatre vingt seizième chefs de la dynastie Moudjo. Ceci est l’œuvre inédite de la volonté politique de ceux que nous prenions hier comme des pires ennemies de la royauté Moudjo. La pomme de discorde semble de plus en plus céder la place au compromis pour la paix. Les plus caciques des conservateurs se sont véritablement élevés vers les cieux. L’Eglise s’étant constituée en caravane de paix, Dieu n’est pas mort dans son église, il est vivant .la flamme du désespoir à Moudjo n’est plus qu’un lointain souvenir. L’éternel a oint d’un sceau particulier tous les protagonistes à ne concourir plus que pour l’intérêt général de son peuple. Il reste certes du chemin à parcourir si traditionnellement ou coutumièrement la chefferie Bamoudjo relève la tête, il reste encore du point de vue politique que l’administration témoigne de son cachet rouge, la légalité de cette chefferie. Il reste également que de nouvel homme fort réuni tous les élites et la population autour d’un même objectif. Halte à la volte-face, halte à la duplicité du langage, détail commun d’une caste de nobles Moudjo à une époque donnée. Ce n’est qu’à ce prix que l’Eglise restera forte dans ses principes et son engagement. Dieu n’étant pas un prostitué évitons de prostituer ses principes cardinaux et le père KAMGA de conclure : ‘‘Ne vivons pas sur terre comme si le paradis étant un ailleurs, étranger à nous’’. Nous pouvons vivre des prémices d’une vie paradisiaque, cela va du sens que nous donnons à notre existence. Ce dont nous recevons par la suite, est la somme de nos vœux. N’oublions pas que qui sème le vent récolte sûrement la tempête or, tous ceux qui portent le pardon, un message de paix reçoivent miséricorde. Du sens donc nous donnons à nos vies, nous recevons nos récompenses. Plantons dès à présent, le décor angélique de notre paradis et célébrons le futur. Demain c’est un nouveau jour, Un ciel nouveau pour notre communauté et ne l’oublions jamais ; les révolutions du futur, c’est maintenant que ça se préparent. Ceux qui s’amusaient hier en disant que Dieu est absent de son église se sont amèrement trompés. Il y est vivant et plus fort que jamais.

Étiquettes
Partagez

Commentaires

kaptueflorian
Répondre

Depuis 1975, deux communautés villageoises se déchirent à l'ouest du Cameroun. les villageois sont floués par une élite politique qui tire les ficelles de ce conflit pour asseoir leur richesse et leur pouvoir au grand regard d'une administration aussi corrompu qui, sème la zizanie, récolte les prébendes et comme les administrateurs sont des fonctionnaires, ils repartent après avoir laissé le peuple dans le désarroi et au mépris des lois de la république.D'autres ont eu l'honneur de voir en ce conflit une question d'allogènes et autochtones. quel génie!