Gilles le roi de la pègre

29 septembre 2014

Gilles le roi de la pègre

Cassez, brûlez, égorgez. Faites de la terreur s’il le faut, pourvu que ces fonctionnaires nous tiennent enfin en compte. Nous en avons assez des égouts et des cimetières comme logis. Nous avons suffisamment attendu d’avoir accès aux miettes de leur repas, jamais, ils ne se sont montrés rassasiés pour nous faire lécher les plats en les rinçant. N’est-il pas mieux de mourir que d’être continuellement à la merci de leur regard dédaigneux et leur rire goguenard ? Cette interrogation de Gilles avait plongé dans l’inquiétude la foule des bourgeois rassemblée dans le hall de l’hôtel résidence La falaise, un établissement hôtelier trois étoiles situé dans le luxueux quartier administratif Bonandjo dans la ville de Douala au Cameroun.

Les invités triés sur le volet étaient venus recevoir les oscars des meilleurs entreprises dans la vente des boisons alcoolisées. Les quatre pôles du Cameroun étaient représentés dans la salle de l’hôtel  par un directeur commercial d’une des firmes ayant fait des juteuses affaires avec les brasseries du Cameroun. Ces messieurs avaient la fortune arrogante et cela se voyait sur les différentes marques de voitures, les costumes que chaque invité arborait. L’hôtel résidence  pour ce soir inédit avait sorti son grand couvert, des whiskys et des champagnes allaient couler à flots. En jetant un coup d’œil sur les tablettes, on aurait pu dire que les bières embouteillées sur place par cette entreprise brassicole n’étaient réservées que pour les citoyens de seconde zone. Il n’y avait nulle part la marque de ces bouteilles. Par contre, on y distinguait des canettes de bières sûrement venues des usines sœurs en Europe. L’établissement  s’apprêtait ainsi à recevoir un gratin d’hommes d’affaires, de commerciaux prestigieux et d’hôtes de trop grande honorabilité.

Le lieu de réception, n’était dont pas un choix du hasard. Bonandjo situé en plein cœur de Douala ville portuaire du Cameroun est par excellence le siège des affaires administratives. Du haut de ses immeubles haut standing vous y contemplez le Wouri ce merveilleux fleuve dont toutes les mangroves sont en perte en raison de l’extension continuelle des terres fermes, sollicitation des sociétés. D’ici peu l’on redoute qui n’y ait plus de poisson dans nos plats, conséquence directe de l’extinction de ces mangroves, lieu propice pour la reproduction de la faune marine. Dommage. L’hôtel résidence La falaise est sans doute situé sur une de ces mangroves, cet hôtel jouxte les bureaux de la Camrail et est à l’épicentre même de ce quartier administratif et résidentiel. Implanté depuis plusieurs années, aux environs de la décennie 1980s par un patriarche homme d’affaires, cet homme devenu aujourd’hui propriétaire d’une chaîne hôtelière qui peut se vanter d’accueillir aux cours de l’année de très hautes manifestations. Pour les remises des prix aux entreprises brassicoles, le gouverneur de la région du littoral et le préfet du Wouri étaient les officiels de la soirée. Le gouverneur tête d’affiche était coiffé d’une tenue vestimentaire assez onéreuse ; Une veste trois fentes en soie, une chaussure en peaux de crocodile et une bague en or massif, dont la brillance attira le regard envieux des badauds, ces enfants de la rue, rangés au ré –de chaussée de l’hôtel en attente de quelques sympathies. Le préfet venu trente minutes avant l’arrivée de son supérieur hiérarchique était resté fidèle à leur tenue d’apparat traditionnelle fort remarquable. Il était couvert d’une gandoura brodée des mains de grands tisserands car la broderie qui recouvrait le tiers du vêtement était magnifique et très flatteur des yeux. Le chapeau tout aussi brodé, était scellé à ses extrémités par de très beaux cauris. Le style traditionnel et moderne alternait les costumes arborés par les hôtes de la soirée. Le dénominateur commun était l’élégance et l’arrogance de la fortune. En observant également le décor féerique de la salle de fête nous étions loin des conclusions alarmistes, le Cameroun se porte mal, les africains se bouffent entre eux. Non ici on avait toute autre idée ; l’économie du pays se porte bien en témoignait l’étoffe que chaque invité s’était paré. Au rez-de chaussée de l’immeuble, des odeurs exquises des victuailles ou des bivouacs que le vent emportait, flattaient les narines, des badauds installés là par la circonstance. Ces derniers espéraient partager, le repas et le vin des élites. L’occasion leur était donnée de manger hors des poubelles. Ils espéraient croquer de la bonne chair, une viande saignante et fraîche, D’aucuns se faisaient l’idée d’économiser au plus car, ils espéraient que ces messieurs de gros calibre se contenteraint juste de caresser les dents et se mouiller à peine la gorge. Alors ils étaient partis à la recherche des sacs pour emporter les restes dans leur gîte de fortune, égouts et cimetières. Gilles avait laissé ses camarades s’embrouiller, habitué à ce genre de rendez- vous et connaissant par expérience les attitudes de ces gros bonnets il avait laissé ses camarades apprêter les sacs en savourant en cachette son ironie, il voulait que chacun découvre de lui-même la malheureuse surprise. Cependant, il espérait et ceci lui était une contrariété qu’avec la présence du gouverneur et du préfet deux représentants de marque de la république, les choses pouvaient avoir autre couleur différente que celle dont il était habitué Cette réflexion calma ses ardeurs du début et il joua utile en surveillant les voitures des invités et en y apportant un coup de propreté de circonstance. Il se posta devant la voiture du gouverneur, la plus haute personnalité des lieux. Gilles portait ce soir là une chemise crasseuse, un pantalon jeans sur lequel à l’aide de la javel il avait écrit « Dieu n’oublie personne ». Ses chaussures devraient être sorties des tombes, elles appartenaient à une époque révolue, les talons de la chaussure étaient hauts de cinquante centimètre et le cuir dégageait une odeur de pourriture. Cet adolescent de seize ans, fils d’un freluquet originaire du Sud-Cameroun avait hérité à la mort de son père, le cordonnier du village, juste la caisse à outil déjà dénuée de son contenu. Acte ignoble de ses oncles paternels. Sa mère le traîna dans un second mariage mais la cohabitation avec son beau père ne fut pas aisée, il dût arrêter sa scolarité en classe de CP en raison du manque de volonté de son beau père et de sa famille à l’aider à continuer ses études. A peine âgé de 7ans il savait déjà se battre pour subvenir à ses besoins alimentaires et vestimentaires. Il ne tarda pas à être chassé du logis de son beau père par des bastonnades, la moindre peccadille n’était pas tolérée. Il devint enfant de la rue. Il n’avait alors que dix ans, c’est à cette âge qu’il élu domicile au cimetière de Bonadibong. Il aurait aimé être pilote. Si le destin n’avait pas été si cruel en son endroit! Dans ses vêtements effilochés ce maigrichon de dix ans, au teint foncé, à la chevelure crépue et d’une force physique impressionnante à défaut d’être pilote d’avion était devenu une terreur insaisissable. La société ne lui avait accordé d’autre choix que de sombrer dans l’imbécillité et pourtant, ce garçon à la tête sous forme de papaye solo, à l’œil vif du corbeau était doué d’intelligence. C’est pourquoi il était devenu dans la rue un leader, le maître du jeu du groupe. Gilles pour affronter les fantômes du cimetière s’était adonné très tôt à la drogue. Sa drogue de préférence était les résidus de la cocaïne. Une drogue aussi chère que la colle forte, le D10 le banga et l’alcool. D’ailleurs, il fallait éviter de partager son repas. Son repas était cuit dans des boites de conserve et il y avait du bon tabac. Il y avait longtemps que sûrement, il n’avait pas croqué une bonne chair. L’espoir y était en ce soir de remise d’oscar. Le gouverneur était bel et bien au rendez-vous, la porte étendard du gouvernement n’avait pas le droit de faire état de sa gourmandise. A l’intérieur de l’immeuble, les événements suivaient leur cours entre- coupés par la présentation scénique d’une pléthore d’artistes et les invités pour l’occasion. Certaines « nanga Boko » alléchés par l’odeur des mets s’étaient retrouvés à l’intérieur de l’immeuble en cédant aux gardiens quelques pièces de FCFA. Ainsi ils avaient troqués leur habit de fortune contre une autre assez acceptable mais une fois dans la salle, ils s’étaient cachés du regard des organisateurs de la soirée derrière les joints de l’immeuble. Ils ne voulaient pas rater l’heure de la gastronomie. Malheureusement contre toute attente, ils furent débusqués de leur cachette par un vigile qui n’était pas mêlé à la tricherie. On les pria de regagner silencieusement, l’extérieur pour ne pas attirer les bruits et croître des incidents, maîtrisant l’humeur des enfants de la rue les corrompus remboursèrent jusqu’au moindre centime toute la somme reçue pour les faire entrer dans la salle. A l’issu de cet échec tous tournèrent leur regard vers le fonctionnaire qui était au lieu des cérémonies. Le gouverneur Pense à nous suggéra Gilles. Gouverneur doit penser à nous ou, il aura de nos nouvelles articula Gilles. Ce repris de justice avait connu trois fois de suite la prison centrale de New-bell. Le quartier mineur le connaissait, il avait là, ses appartements privés et ses lieutenants les gardaient le temps que sorti après sa détention il séjourne au cimetière avant d’y retourner .Car son séjour hors des geôles était si souvent écourté par l’avènement d’un autre sinistre devant le reconduire au tribunal et par la suite dans ses appartements privés de la prison centrale de Douala. Là il avait été victime de la sodomie à l’âge de onze ans. Il avait aussi appris à sucer le pénis de ses aînés de la prison avant de devenir dealer, un poste clé et avantageux à la prison. Pour y arriver il fallait lécher les boites des aînés, il avait fait cette école. Cassez, brûlez, égorgez, faire de la terreur n’était pas un vocabulaire qu’ il ignorait. D’ailleurs il savait en faire bon usage de ces mots. La présence du gouverneur en ce lieu de la fête avait gagné sa sympathie et il avait tout de suite saisie l’enjeu et amener ses camarades a être plus sérieux et doux. Le gouverneur pouvait porter leurs différentes doléances en plus haut lieu qu’ils n’avaient jamais espéré dans leur merdier. Désormais, loin d’être comparé à la poubelle, au déchet de l’humanité, par la médiation de l’homme d’état, le gouvernement devait avoir un regard sympathisant à leur égard et, ils pourront bénéficier des actions du service social qui se faisaient rares et profitaient à toute autre cible que ceux pour qui les fonds d’une rareté extrême, telles les larmes d’un chien, étaient destinés. Bravo l’Afrique ! Voila, nous sommes les victimes innocents d’un système corrompu qui n’offre aucun espoir à un pauvre. A travers le gouverneur les carcans du pouvoir devaient être secoués depuis les sommets, il y avait des chances d’être désormais connecté à la présidence de la république qui de part l’opération Epervier devait extirper les ripoux de la république. Gilles qui était au courant et à la page des informations maximisait ses chances d’appartenir désormais à un atelier de formation. Seulement, il fallait que pour une fois le gouverneur prête une oreille attentive à ces badauds qu’il avait vu masser au ré de chaussée à son arrivée à l’hôtel. Gilles avait eu mille réflexions dans sa cervelle en présence du gouverneur : « je n’eu pas la chance de devenir pilote, aujourd’hui mécanicien, peintre, maçon etc.… peu importe, pourvu que j’ai une qualification ». Pendant qu’il était perdu dans ces réflexions, ses amis surveillaient à travers les fenêtres le mouvement des plats. Les rideaux transparents des fenêtres de l’hôtel leur permettaient d’avoir l’œil sur la remue ménage des cuillères, des fourchettes et des bouteilles de champagnes et whisky. Ils étaient déjà à bout de patience quand le prêtre amorça la bénédiction du repas. Un sourire illumina soudainement le visage des badauds. L’heure des hostilités était enfin arrivée. Gilles s’est mis à crier à l’égard des convives à travers les fenêtres, jetez nous quelques morceaux de pains et ses amis reprirent en chœur « Amen », visiblement pour saluer la fin du discours du prélat des lieux qui durait déjà une éternité. L’homme de Dieu se prêtait à cœur joie à la solennité de cet événement laïc. Dans son discours il exhorta ces chefs d’entreprise à privilégier le côté social et à penser qu’en bas des escaliers attendait cette dizaine de badauds qui peut-être depuis longtemps n’ont pas eu droit à un repas copieux. Dieu n’oublie personne mais il utilise souvent d’autres comme la passerelle pour éclairer le chemin de certains en occurrence les orphelins, les démunis les déshérites de tous bords. Vous êtes détenteurs de milliers de millions, pensez à concéder une part de cet héritage pour panser les souffrances de l’humanité .Jésus est né dans une étable dans la pauvreté absolue. Mais les mages l’ont comblés d’Emeraudes, mille trésors afin que les jours de sa jeunesse ne soient pas pénibles. Chaque enfant au rez-de- chaussée de cet immeuble est un Jésus, jouez votre rôle de mages. Le spiritain de 80ans, à la tête de tortue avait de la matière grise et pensait toucher le cœur de ces hommes d’affaires qui n’ont d’yeux que pour amasser mille trésors à leur seul compte. Le prêtre tenait à les sortir de cet obscurantisme, Arrivé au Cameroun en 1960 aux lendemains des indépendances il s’engagea dans la lutte contre la pauvreté et la discrimination sociale. Enseignant, initiateur d’un gramen bank à l’intention des plus pauvres, acteur social et promoteur de plusieurs projets à caractère social tels que les écoles, les hôpitaux, l’aménagement et l’assainissement des marécages. Il avait roulé sa bosse et était au soir de son départ pour l’éternité. On l’appelait affectueusement « bombok » « Aïeux ». Il était tellement affectueux et compatissait au sort des badauds abandonnés à l’estrade de l’hôtel. Il garda son parquet à ces enfants à sa sortie de l’édifice. Le gouverneur était attablé avec le préfet, à leur table, on pouvait compter douze bouteilles de champagnes, huit bouteilles de whisky haut de gamme ; des vins de table. Ils eurent l’honneur d’ouvrir le buffet. Dans le plat de chacun, il y avait tout les menus composant le buffet du jour. Des carottes, des laitues et des tomates pour l’entrée, Une salade des fruits pour la sortie. Le plat de résistance tenait lieu d’un amoncellement de cuisses de poulet, et de pintades, des morceaux de mouton, bœuf, c’était aussi alléchant que les belles dames qui les tenaient compagnie ce soir là. L’épouse du gouverneur était comme une perle rare, aux grands seigneurs les meilleurs gourmets. Elle pouvait mesurer un mètre soixante quinze centime et peser à peu près quatre vingt kilos. Ses fesses, de véritable instrument pour une soirée de baise. Elle passait pour la star de la soirée patentée d’un titre de gouverneur, d’une beauté pouvant exalter tout cœur, ne pouvait pas passer inaperçue. Aie ! Elle était une merveille réussie de Dieu, son parfum d’une odeur exquise donnait envie de l’embrasser et de conserver sur soi cette odeur enivrante et enviable. Ce n’était pas une affabulation de dire que la dame du gouverneur était d’une richesse incommensurable et inestimable. Comme son mari elle était parée d’ornement pouvant susciter des jalousies dans son entourage immédiat. Quelle extravagance ! Des rumeurs du cercle administratif racontaient que les deux tourtereaux, le gouverneur et sa Prusse étaient des amours de jeunesse qui ont résisté à l’usure du temps et des incidents malheureux car, monsieur le gouverneur tenait à faire savoir à la gent féminine qu’il était un gros calibre, le sexe, il pouvait vous en offrir doublé de l’argent des villas et des voitures. A le voir c’était un homme qui respirait la bonne vie, le luxe… Dieu l’avait épargné de la disette et des rancœurs que ruminait la jeune génération. Il avait profité des vannes ouvertes, de la société à son époque. Des bourses d’études, des stages à l’étranger, des grandes écoles, la gratuité du logis, de la voiture. Bref, cet homme était loin du déluge du siècle présent. Il pouvait en toute allégresse entonner « ô Cameroun, le berceau de nos ancêtre ». Cet hymne que la jeune génération maudissait de tout cœur. La jeune génération chantant précocement l’oraison funèbre de leur décès. A peine éclos, il était invité à la misère, qu’ont-ils fait pour mériter cette malédiction, se demandaient ces esprits aigris. Au contraire de cette jeunesse aux abois, l’administrateur civil se projetait d’écrire dans un avenir proche, un livre intitulé « les chansons à l’éternité » où, il fera l’éloge du Seigneur qui lui avait accordé de naître à une période faste de l’économie Camerounaise et, à une époque où la conscience nationale avait un sens. Le patriotisme ayant aujourd’hui perdu de repère au profit de l’individualisme et aussi à l’essor d’un capitalisme horripilant au visage inhumain. Pour l’administrateur civil en ce soir de festivités à l’Hôtel la Falaise pour la énième fois, il était à l’honneur. Sa bonne humeur se faisait sentir et l’ambiance bon enfant que distillait la musique en fond sonore l’exonérait de tous soucis or, en bas des escaliers les enfants de la rue étaient las d’attendre que l’homme d’état réagisse de fort belle manière. L’atmosphère commençait déjà à se surchauffer, parmi les copains d’infortune de Gilles. Gilles se voulait rassurant, le gouverneur est un homme de grand cœur se dit-il pour rassurer ses propres inquiétudes. Tous avaient la peau à fleur et la température au sein du groupe montait chaque instant d’un cran face à l’attitude du gouverneur qui tardait à aller à la rencontre des infortunés. Ils voulaient passer à l’acte mais Gilles, brave harangueur maîtrisait la petite foule d’un verbe fort flatteur. La patience suggère les promesses d’une grande fleuraison, fit entendre Gilles. « Seulement, l’arbre peut perdre toutes ses fleurs en raison d’une longue sécheresse » rectifia un de ses acolytes. En toute chose il faut la mesure du temps agença un autre et, Gilles de conclure, voila le gouverneur qui s’amène. D’une mobilité extrême, les enfants s’attroupèrent auprès de sa voiture ;le Virgile fit appel à Gilles pour le port des males du gouverneur. Une bonne cargaison s’étonna Gilles, homme doué d’une curiosité extrême et d’une agilité expresse, il fit un gros trou sur les cartons pour voir ce dont le gouverneur ramenait. Le gouverneur intima l’ordre à son chauffeur d’ouvrir la male arrière de sa voiture. Gilles y déposa le contenu de la cargaison. Le gouverneur une fois à bord de sa voiture sourit, orgueilleusement à l’égard des badauds et referma sa portière. Au moment de démarrer le bolide, les enfants de la rue firent halte à tout déplacement ; la voiture du gouverneur fut prise en otage. Gilles fit descendre de la voiture monsieur le gouverneur, le traina vers une ancienne bâtisse coloniale aujourd’hui abandonnée, le fit asseoir au milieu du lac qui recouvrait la cour de cet entrepôt colonial. Les cris d’alerte rouge des Nanga Boko mirent le reste des invités à cette soirée élogieux au scandale. Ce fut le fiasco général et la débandade totale. Chacun cherchant à se frayer une issue de sortie. Les journalistes invités à la couverture médiatique de cet événement eurent là, le scoop et la une des journaux du lendemain. Gilles levait la voix et ses coéquipiers reprenaient en cœur : cassez brûlez ; Egorgez faites de la terreur afin que ce gouverneur et ses alliés prennent enfin en compte les milliers de ces enfants de cul de jattes qui n’ont eu pour certains comme tout héritage que le souvenir vague de leur parent. L’amour, nous n’avons jamais connu pas celui de nos parents, ni celui de nos familles respectives et encore moins la sollicitude de l’état. Monsieur le gouverneur j’enrage d’envie de te couper la tête. Avez-vous déjà entendu parle de la glutine ? N’allons pas si loin. Avez- vous déjà dormi dans la tombe de je ne sais qui au cimetière ? Ce soir, vous allez faire une palpitante expérience. Monsieur le gouverneur vous avez mangé n’est-ce pas. Vous avez bu du bon vin. Vos enfants vont à l’école, vous avez des fortunes colossales dans diverses banques à travers le monde. Savez- vous qu’ils se comptent pas milliers des enfants et des adolescents qui meurent chaque jour de faim ? Oui je le sais. Savez vous qu’il se compte par millier des enfants qui ne connaitront jamais le chemin de l’école, l’apprentissage d’un métier ? Oui je le sais. Ah ! Vous le savez et que faites vous de vos moyens personnels pour remédier à cette situation ? Et le gouvernement ? Dans votre malle arrière il y a du champagne, du poulet, du plantain et autres victuailles dont je m’épargne toute énumération. Où alliez vous avec ? Chez-moi Et que faites vous de nous ? Cruelle gourmandise, élite africaine Monsieur le gouverneur, ce soir nous vous amènerons à notre hôtel .Il faudrait que vous voyiez notre merdier, de cette expérience, peut être nous gagnerons votre estime et celle de vos collègues et le parterre de tous ces convives. Allons- y Au cimetière Au cimetière Scandaient les coéquipiers de Gilles. Malheureusement, le groupement d’intervention mobile mis au parfum de ce grave parjure sur la personne du gouverneur coupa court le chemin aux enfants de la rue. Gilles ne céda pas aux injonctions du commissaire de la police de laisser partir le gouverneur. Gilles, d’une mobilité expresse sortit un poignard et le dirigea sur le cou du gouverneur. Ce fut la panique générale et les houlà de la foule. Gilles reprit le commissaire de police dont la figure de cet adolescent ne lui était pas étrangère. Vous avez pris la république en otage, laisse partir le gouverneur et parlementons. Non repartit Gilles, vous tuez mes camarades pour un larcin parce qu’ils quêtent de quoi stopper une famine hémorragique et les bandits de la république, ces gros bandits à col blanc que faites- vous d’eux ? Il y a désormais, l’opération épervier Quelle connerie votre épervier depuis qu’ils sont dans les geôles combien de centime de franc ont-ils rembourse ? La justice suit son cours Monsieur le commissaire le destin a déjà scellé mon sort. J’étais mort avant d’être né. Que Ferez-vous de moi ? Alors fiston, du calme, du calme lança le prêtre revenu sur ses pas parce que alerté d’urgence de la situation qui prévalait à l’hôtel. La mise était inestimable pour faire de sorte que Gilles revienne à de meilleur sentiment et reprenne de l’esprit ou de la raison. Le père réussit à le faire sourire et la foule respira mieux, le commissaire de police faisant venir le prélat savait qu’il jouissait d’une haute estime dans la communauté des Nango Boko. Il était l’unique espoir pour désamorcer la bombe et d’une rapidité extrême il fit renoncer Gilles. Le gouverneur respira profondément pour reprendre des forces et du courage. Sous haute escorte policière, il regagna sa voiture cette fois ci en esquissant un sourire complice à Gilles. Le lendemain matin tous les canards à grands tirages titrèrent « la république prise en otage par Gilles, le roi de la pègre ». L’image de Gilles en compagnie du prêtre accompagnait ce titre à la une des journaux. Gilles regagna après un bref procès, la prison de New-Bell pour la quatrième fois, à 10 ans. Assis dans ses appartements prives de la prison, Il fit le soir de son arrivée la boucle des médias, la télévision, les médias électroniques et Internet faisant le point de l’actualité sur les événements capitaux traités. Les différentes chaînes de télé et autres supports médiatiques diffusaient en gros plan la photo du gouverneur avec un couperet sur la gorge. Ils ne diffusaient pas entièrement la photo des protagonistes Gilles se reconnut néanmoins sous la bande qui cachait la figure. Il sourit pour se féliciter de sa bravoure en tirant cette conclusion « nous ne sommes pas tous des méchants ». Ils faillaient tout simplement procéder d’une manière forte pour qu’on s’interroge sur le sort des laissés pour compte tant pis si nous avons entaché les emblèmes nationaux. Ils tiendront désormais compte de la racaille. Nous n’avons rien fait de mal pour mériter être tous jetés à la poubelle de la république sans discernement. Il y a bien de génies parmi nous. Des hommes qui bien formés, donneront une plus value à la performance de notre société. Je caressais le rêve de devenir un jour pilote d’avion si j’avais eu un coup de pouce de l’élite. De la société, mon rêve ne se serait pas évaporé comme une boule de neige sous le soleil. De mon emprisonnement naîtra la volonté politique du gouvernement et des leaders d’entreprise tiendront compte du phénomène « Nanga Boko » si la société civile prend acte de la légitimité de nos revendication, nous sommes un corps avec lequel il faudrait négocier dans un proche avenir pour le salut de la patrie et le respect des mentors de la république. Il n’y aura plus de paix sociale si nous ne sommes pas pris en considération. il voudrait mieux que tout le système s’effondre et que les survivants du déluge repartent à zéros dans un nouveau contrat social. Au quartier mineur de la prison centrale de New-Bell, il y avait un compartiment chic des geôles, où résidaient quelques élus de l’opération épervier. Gilles stupéfait de les avoir comme codétenus avait déjà parmi ces hommes quelques affinités. Il s’était approché de quelques uns espérant creuser en aparté leur estomac pour découvrir le pot au rose de ce dont il appelait la maffia politico politicienne. Il s’étonnait du fait qu’aucuns des accusés n’avaient jamais plaidés coupable à la barre pourtant, dans la démonstration des juges les faits étaient irréversibles qu’ils avaient commis pour la plupart des crimes économiques ignobles. Pour Gilles puisqu’ils s’obstinaient à ne pas reconnaître les faits, il faillait passer à la politique chinoise. Mettre deux de ces bandits politiques comme il convenait de les appeler selon machiavel, à la planche ou au poteau et leur tirer deux balles dans les crânes. Peut-être cette mesure sérère devait dissuader les autres à ne plus tenir la langue de bois. Pour Gilles à quoi cela servait de condamner à perpétuité ou a trente ans, vingt ans, ces aïeux qui ne demandaient déjà qu’un asile tranquille pour y passer la retraite. Le pays était à genou à cause des fautes de gestion de ces croulants. Il y’avait certainement quelque chose digne d’incompréhension pour Gilles. Ces hommes plaidaient tous ou pour la plupart non coupable mais comment sans être des hommes d’affaires à l’exception d’un ou deux ils expliquaient leur colossale fortune. Des multi- plex par ci, des bunkers par là, des immeubles d’une insolence caractérisée dans toutes les métropoles économique du pays. Des duplex à paris, à Londres et ou Canada. L’arrogance de la fortune de leurs favoris, les proches et les maîtresses. Quel salaire de la fonction publique pouvait leur permettre d’avoir un tel train de vie et de traîner des richesses inestimables ? Ces réflexions troubles procuraient à Gilles un mal vivre, chaque un instant qu’il passait auprès de ces éperviables l’écœurait et le consumait à petit feu dans ses profondeurs. Le fait qu’il soit passé à côté de son dessein d’être un jour pilote renforçait en son for intérieur une profonde rancune à l’égard de ces hommes que l’épervier tenait dans ses griffes comme responsable de l’effondrement total du pays. Gilles céda un jour à la tentation d’imposer à ces éperviables sa justice. Il prit en otage, coutelas à la main le colonel oténo ex directeur du port autonome de Douala. La confrontation fut rude. Monsieur Dis-nous où tu as planqué l’argent du port ou je te tranche la gorge. Comme pour signifier que l’heure était grave, et que la menace était à prendre au sérieux cette fois, il coupa net un des phalanges du colonel. La panique gagna la prison centrale de Douala, de nouveau la presse fut alertée et les corps administratifs. Le commissaire de police monsieur Renard refit surface. Encore toi, à Gilles Ah ! Monsieur le commissaire vous avez été incapable de faire le boulot, suivez mon exemple. Sur ce il trancha un nouveau doigt Gilles débarrasse- toi de ton arme ou je tire. De mon sang germera la semence d’une société équitable. Alors monsieur le commissaire ce que vous avez été incapable de faire, laissez moi y vous aider. Je vais lui sectionner le cou et transformer la main en saucisse. Les félicitations se levèrent de la foule du quartier mineur, monsieur le commissaire de police, prit de panique, appuya sur la détente de son pistolet automatique et Gilles tomba sur le côté En moins de deux second tout le périmètre de la prison fut quadrillé par une patrouille mixte armée lourdement. Gilles fut conduit au cimetière le lendemain après-midi. Si vous faites un tour au Bois de Singe, le cimetière qui jouxte les hangars de l’aéroport international de Douala vous y trouverez là-bas une tombe sur laquelle est écrit. ICI REPOSE GILLES LE ROI DE LA PEGRE 1990-2007Cassez, brûlez, égorgez Faites de la terreur s’il le faut, Pourvu que ces fonctionnaires nous tiennent enfin en compte. Nous en avons assez des égouts et des cimetières, comme logis. Nous avons suffisamment attendu d’avoir accès aux miettes de leur repas, jamais, ils ne se sont montrés rassasiés pour nous faire lécher les plats en les rinçant. N’est-il pas mieux de mourir que d’être continuellement à la merci de leur regard dédaigneux et leur rire goguenard ? Cette interrogation de Gilles avait plongé dans l’inquiétude la foule des bourgeois rassemblée dans le hall de l’hôtel résidence la falaise, un établissement hôtelier trois étoiles situé dans le luxueux quartier administratif Bonandjo dans la ville de Douala au Cameroun. Les invités triés sur le volet étaient venus recevoir les oscars des meilleurs entreprises dans la vente des boisons alcoolisées. Les quatre pôles du Cameroun étaient représentés dans la salle de l’hôtel résidence la falaise, par un Directeur commercial d’une des firmes ayant fait des juteuses affaires avec les brasseries du Cameroun. Ces messieurs assez distingués, et dont l’arrogance de leur fortune pouvaient se lire des différentes marques de voitures, aux costumes que chaque invité arborait. L’hôtel résidence la falaise pour ce soir inédit avait sorti son grand couvert, des whiskys et des champagnes allaient couler à flot. En jetant un coup d’œil sur les tablettes, on aurait pu dire que les bières embouteillées sur place par cette entreprise brassicole n’étaient réservées que pour les citoyens de seconde zone. Il n’y avait nulle part la marque de ces bouteilles ; par contre, on y distinguait des canettes de bières sûrement venues des usines sœurs en Europe L’Hôtel Résidence la Falaise s’apprêtait ainsi à recevoir un gratin d’hommes d’affaires, de commerciaux prestiges et d’hôtes de trop grande honorabilité. Le lieu de réception, n’était dont pas un choix du hasard. Bonandjo situé en plein cœur de Douala ville portuaire du Cameroun est par excellence le siège des affaires administratives. Du haut de ses immeubles hauts standings vous y contemplerez le Wouri ce merveilleux fleuve dont toutes les mangroves sont en perte en raison de l’extension continuelle des terres fermes, sollicitation des sociétés. D’ici peu l’on redoute qui n’y ait plus de poisson dans nos plats, conséquence directe de l’extinction de ces mangroves, lieu propice pour la reproduction de la faune marine. Dommage L’hôtel résidence la falaise est sans doute situé sur une de ces mangroves, cet hôtel jouxte les bureaux de la Camrail et est à l’épicentre même de ce quartier administratif et résidentiel. Implanté depuis plusieurs années, au environ de la décennie 1980 par un patriarche homme d’affaires, cet homme devenu aujourd’hui propriétaire d’une chaîne hôtelière à commence en aménageait des auberges et aurait fait fortune dans plusieurs petits commerces. Son hôtel timbré trois étoiles est une grande fierté pour sa nombreuse semence. Cette chaîne hôtelière peut se vanter d’accueillir aux cours de l’année de très hautes solennités. Pour le majestueux événement des remises des oscars aux entreprises brassicoles, le gouverneur de la région du littoral et le préfet du Wouri étaient les officiels devant servir des patrons de la soirée. Le gouverneur tête d’affiche était coiffé d’une tenue vestimentaire assez onéreuse ; Une veste trois fentes en soie, une chaussure en peaux de crocodile et une bague en or massif, dont la brillance attira le regard envieux des badauds, ces enfants de la rue, rangés au ré –de chaussée de l’hôtel en attente de quelques sympathies. Le préfet venu trente minutes avant l’arrivée de son supérieur hiérarchique était resté fidèle à leur tenue d’apparat traditionnelle fort remarquable. Il était couvert d’une gandoura brodée des mains de grands tisserands car la broderie qui recouvrait le tiers du vêtement était magnifique et très flatteur des yeux. Le chapeau tout aussi brodé, était scellé à ses extrémités par de très beaux cauris. Le style traditionnel et moderne alternait les costumes arborés par les hôtes de la soirée. Le dénominateur commun était l’élégance et l’arrogance de la fortune. En observant également le décor féerique de la salle de fête nous étions loin des conclusions alarmistes, le Cameroun se porte mal, les africains se bouffent entre eux. Non ici on avait toute autre idée ; l’économie du pays se porte bien en témoignait l’étoffe que chaque invité s’était paré. Au rez-de chaussée de l’immeuble, des odeurs exquises des victuailles ou des bivouacs que le vent emportait, flattaient les narines, des badauds installés là par la circonstance. Ces derniers espéraient partager, le repas et le vin des élites. L’occasion leur était donnée de manger hors des poubelles. Ils espéraient croquer de la bonne chair, une viande saignante et fraîche, D’aucuns se faisaient l’idée d’économiser au plus car, ils espéraient que ces messieurs de gros calibre se contenteront juste de caresser les dents et se mouiller à peine la gorge. Alors ils étaient partis à la recherche des sacs pour emporter les restes dans leur gîte de fortune, égouts et cimetières. Gilles avait laissé ses camarades s’embrouiller, habitué à ce genre de rendez- vous et connaissant par expérience les attitudes de ces gros bonnets il avait laissé ses camarades apprêter les sacs en savourant en cachette son ironie, il voulait que chacun découvre de lui-même la malheureuse surprise. Cependant, il espérait et ceci lui était une contrariété qu’avec la présence du gouverneur et du préfet deux représentants de marque de la république, les choses pouvaient avoir autre couleur différente que celle dont il était habitué Cette réflexion calma ses ardeurs du début et il joua utile en surveillant les voitures des invités et en y apportant un coup de propreté de circonstance. Il se posta devant la voiture du gouverneur, la plus haute personnalité des lieux. Gilles portait ce soir là une chemise crasseuse, un pantalon jeans sur lequel à l’aide de la javel il avait écrit « Dieu n’oublie personne ». Ses chaussures devraient être sorties des tombes, elles appartenaient à une époque révolue, les talons de la chaussure étaient hauts de cinquante centimètre et le cuir dégageait une odeur de pourriture. Cet adolescent de seize ans, fils d’un freluquet originaire du Sud-Cameroun avait hérité à la mort de son père, le cordonnier du village, juste la caisse à outil déjà dénuée de son contenu. Acte ignoble de ses oncles paternels. Sa mère le traîna dans un second mariage mais la cohabitation avec son beau père ne fut pas aisée, il dût arrêter sa scolarité en classe de CP en raison du manque de volonté de son beau père et de sa famille à l’aider à continuer ses études. A peine âgé de 7ans il savait déjà se battre pour subvenir à ses besoins alimentaires et vestimentaires. Il ne tarda pas à être chassé du logis de son beau père par des bastonnades, la moindre peccadille n’était pas tolérée. Il devint enfant de la rue. Il n’avait alors que dix ans, c’est à cette âge qu’il élu domicile au cimetière de Bonadibong. Il aurait aimé être pilote. Si le destin n’avait pas été si cruel en son endroit! Dans ses vêtements effilochés ce maigrichon de dix ans, au teint foncé, à la chevelure crépue et d’une force physique impressionnante à défaut d’être pilote d’avion était devenu une terreur insaisissable. La société ne lui avait accordé d’autre choix que de sombrer dans l’imbécillité et pourtant, ce garçon à la tête sous forme de papaye solo, à l’œil vif du corbeau était doué d’intelligence. C’est pourquoi il était devenu dans la rue un leader, le maître du jeu du groupe. Gilles pour affronter les fantômes du cimetière s’était adonné très tôt à la drogue. Sa drogue de préférence était les résidus de la cocaïne. Une drogue aussi chère que la colle forte, le D10 le banga et l’alcool. D’ailleurs, il fallait éviter de partager son repas. Son repas était cuit dans des boites de conserve et il y avait du bon tabac. Il y avait longtemps que sûrement, il n’avait pas croqué une bonne chair. L’espoir y était en ce soir de remise d’oscar. Le gouverneur était bel et bien au rendez-vous, la porte étendard du gouvernement n’avait pas le droit de faire état de sa gourmandise. A l’intérieur de l’immeuble, les événements suivaient leur cours entre- coupés par la présentation scénique d’une pléthore d’artistes et les invités pour l’occasion. Certaines « nanga Boko » alléchés par l’odeur des mets s’étaient retrouvés à l’intérieur de l’immeuble en cédant aux gardiens quelques pièces de FCFA. Ainsi ils avaient troqués leur habit de fortune contre une autre assez acceptable mais une fois dans la salle, ils s’étaient cachés du regard des organisateurs de la soirée derrière les joints de l’immeuble. Ils ne voulaient pas rater l’heure de la gastronomie. Malheureusement contre toute attente, ils furent débusqués de leur cachette par un vigile qui n’était pas mêlé à la tricherie. On les pria de regagner silencieusement, l’extérieur pour ne pas attirer les bruits et croître des incidents, maîtrisant l’humeur des enfants de la rue les corrompus remboursèrent jusqu’au moindre centime toute la somme reçue pour les faire entrer dans la salle. A l’issu de cet échec tous tournèrent leur regard vers le fonctionnaire qui était au lieu des cérémonies. Le gouverneur Pense à nous suggéra Gilles. Gouverneur doit penser à nous ou, il aura de nos nouvelles articula Gilles. Ce repris de justice avait connu trois fois de suite la prison centrale de New-bell. Le quartier mineur le connaissait, il avait là, ses appartements privés et ses lieutenants les gardaient le temps que sorti après sa détention il séjourne au cimetière avant d’y retourner .Car son séjour hors des geôles était si souvent écourté par l’avènement d’un autre sinistre devant le reconduire au tribunal et par la suite dans ses appartements privés de la prison centrale de Douala. Là il avait été victime de la sodomie à l’âge de onze ans. Il avait aussi appris à sucer le pénis de ses aînés de la prison avant de devenir dealer, un poste clé et avantageux à la prison. Pour y arriver il fallait lécher les boites des aînés, il avait fait cette école. Cassez, brûlez, égorgez, faire de la terreur n’était pas un vocabulaire qu’ il ignorait. D’ailleurs il savait en faire bon usage de ces mots. La présence du gouverneur en ce lieu de la fête avait gagné sa sympathie et il avait tout de suite saisie l’enjeu et amener ses camarades a être plus sérieux et doux. Le gouverneur pouvait porter leurs différentes doléances en plus haut lieu qu’ils n’avaient jamais espéré dans leur merdier. Désormais, loin d’être comparé à la poubelle, au déchet de l’humanité, par la médiation de l’homme d’état, le gouvernement devait avoir un regard sympathisant à leur égard et, ils pourront bénéficier des actions du service social qui se faisaient rares et profitaient à toute autre cible que ceux pour qui les fonds d’une rareté extrême, telles les larmes d’un chien, étaient destinés. Bravo l’Afrique ! Voila, nous sommes les victimes innocents d’un système corrompu qui n’offre aucun espoir à un pauvre. A travers le gouverneur les carcans du pouvoir devaient être secoués depuis les sommets, il y avait des chances d’être désormais connecté à la présidence de la république qui de part l’opération Epervier devait extirper les ripoux de la république. Gilles qui était au courant et à la page des informations maximisait ses chances d’appartenir désormais à un atelier de formation. Seulement, il fallait que pour une fois le gouverneur prête une oreille attentive à ces badauds qu’il avait vu masser au ré de chaussée à son arrivée à l’hôtel. Gilles avait eu mille réflexions dans sa cervelle en présence du gouverneur : « je n’eu pas la chance de devenir pilote, aujourd’hui mécanicien, peintre, maçon etc.… peu importe, pourvu que j’ai une qualification ». Pendant qu’il était perdu dans ces réflexions, ses amis surveillaient à travers les fenêtres le mouvement des plats. Les rideaux transparents des fenêtres de l’hôtel leur permettaient d’avoir l’œil sur la remue ménage des cuillères, des fourchettes et des bouteilles de champagnes et whisky. Ils étaient déjà à bout de patience quand le prêtre amorça la bénédiction du repas. Un sourire illumina soudainement le visage des badauds. L’heure des hostilités était enfin arrivée. Gilles s’est mis à crier à l’égard des convives à travers les fenêtres, jetez nous quelques morceaux de pains et ses amis reprirent en chœur « Amen », visiblement pour saluer la fin du discours du prélat des lieux qui durait déjà une éternité. L’homme de Dieu se prêtait à cœur joie à la solennité de cet événement laïc. Dans son discours il exhorta ces chefs d’entreprise à privilégier le côté social et à penser qu’en bas des escaliers attendait cette dizaine de badauds qui peut-être depuis longtemps n’ont pas eu droit à un repas copieux. Dieu n’oublie personne mais il utilise souvent d’autres comme la passerelle pour éclairer le chemin de certains en occurrence les orphelins, les démunis les déshérites de tous bords. Vous êtes détenteurs de milliers de millions, pensez à concéder une part de cet héritage pour panser les souffrances de l’humanité .Jésus est né dans une étable dans la pauvreté absolue. Mais les mages l’ont comblés d’Emeraudes, mille trésors afin que les jours de sa jeunesse ne soient pas pénibles. Chaque enfant au rez-de- chaussée de cet immeuble est un Jésus, jouez votre rôle de mages. Le spiritain de 80ans, à la tête de tortue avait de la matière grise et pensait toucher le cœur de ces hommes d’affaires qui n’ont d’yeux que pour amasser mille trésors à leur seul compte. Le prêtre tenait à les sortir de cet obscurantisme, Arrivé au Cameroun en 1960 aux lendemains des indépendances il s’engagea dans la lutte contre la pauvreté et la discrimination sociale. Enseignant, initiateur d’un gramen bank à l’intention des plus pauvres, acteur social et promoteur de plusieurs projets à caractère social tels que les écoles, les hôpitaux, l’aménagement et l’assainissement des marécages. Il avait roulé sa bosse et était au soir de son départ pour l’éternité. On l’appelait affectueusement « bombok » « Aïeux ». Il était tellement affectueux et compatissait au sort des badauds abandonnés à l’estrade de l’hôtel. Il garda son parquet à ces enfants à sa sortie de l’édifice. Le gouverneur était attablé avec le préfet, à leur table, on pouvait compter douze bouteilles de champagnes, huit bouteilles de whisky haut de gamme ; des vins de table. Ils eurent l’honneur d’ouvrir le buffet. Dans le plat de chacun, il y avait tout les menus composant le buffet du jour. Des carottes, des laitues et des tomates pour l’entrée, Une salade des fruits pour la sortie. Le plat de résistance tenait lieu d’un amoncellement de cuisses de poulet, et de pintades, des morceaux de mouton, bœuf, c’était aussi alléchant que les belles dames qui les tenaient compagnie ce soir là. L’épouse du gouverneur était comme une perle rare, aux grands seigneurs les meilleurs gourmets. Elle pouvait mesurer un mètre soixante quinze centime et peser à peu près quatre vingt kilos. Ses fesses, de véritable instrument pour une soirée de baise. Elle passait pour la star de la soirée patentée d’un titre de gouverneur, d’une beauté pouvant exalter tout cœur, ne pouvait pas passer inaperçue. Aie ! Elle était une merveille réussie de Dieu, son parfum d’une odeur exquise donnait envie de l’embrasser et de conserver sur soi cette odeur enivrante et enviable. Ce n’était pas une affabulation de dire que la dame du gouverneur était d’une richesse incommensurable et inestimable. Comme son mari elle était parée d’ornement pouvant susciter des jalousies dans son entourage immédiat. Quelle extravagance ! Des rumeurs du cercle administratif racontaient que les deux tourtereaux, le gouverneur et sa Prusse étaient des amours de jeunesse qui ont résisté à l’usure du temps et des incidents malheureux car, monsieur le gouverneur tenait à faire savoir à la gent féminine qu’il était un gros calibre, le sexe, il pouvait vous en offrir doublé de l’argent des villas et des voitures. A le voir c’était un homme qui respirait la bonne vie, le luxe… Dieu l’avait épargné de la disette et des rancœurs que ruminait la jeune génération. Il avait profité des vannes ouvertes, de la société à son époque. Des bourses d’études, des stages à l’étranger, des grandes écoles, la gratuité du logis, de la voiture. Bref, cet homme était loin du déluge du siècle présent. Il pouvait en toute allégresse entonner « ô Cameroun, le berceau de nos ancêtre ». Cet hymne que la jeune génération maudissait de tout cœur. La jeune génération chantant précocement l’oraison funèbre de leur décès. A peine éclos, il était invité à la misère, qu’ont-ils fait pour mériter cette malédiction, se demandaient ces esprits aigris. Au contraire de cette jeunesse aux abois, l’administrateur civil se projetait d’écrire dans un avenir proche, un livre intitulé « les chansons à l’éternité » où, il fera l’éloge du Seigneur qui lui avait accordé de naître à une période faste de l’économie Camerounaise et, à une époque où la conscience nationale avait un sens. Le patriotisme ayant aujourd’hui perdu de repère au profit de l’individualisme et aussi à l’essor d’un capitalisme horripilant au visage inhumain. Pour l’administrateur civil en ce soir de festivités à l’Hôtel la Falaise pour la énième fois, il était à l’honneur. Sa bonne humeur se faisait sentir et l’ambiance bon enfant que distillait la musique en fond sonore l’exonérait de tous soucis or, en bas des escaliers les enfants de la rue étaient las d’attendre que l’homme d’état réagisse de fort belle manière. L’atmosphère commençait déjà à se surchauffer, parmi les copains d’infortune de Gilles. Gilles se voulait rassurant, le gouverneur est un homme de grand cœur se dit-il pour rassurer ses propres inquiétudes. Tous avaient la peau à fleur et la température au sein du groupe montait chaque instant d’un cran face à l’attitude du gouverneur qui tardait à aller à la rencontre des infortunés. Ils voulaient passer à l’acte mais Gilles, brave harangueur maîtrisait la petite foule d’un verbe fort flatteur. La patience suggère les promesses d’une grande fleuraison, fit entendre Gilles. « Seulement, l’arbre peut perdre toutes ses fleurs en raison d’une longue sécheresse » rectifia un de ses acolytes. En toute chose il faut la mesure du temps agença un autre et, Gilles de conclure, voila le gouverneur qui s’amène. D’une mobilité extrême, les enfants s’attroupèrent auprès de sa voiture ;le Virgile fit appel à Gilles pour le port des males du gouverneur. Une bonne cargaison s’étonna Gilles, homme doué d’une curiosité extrême et d’une agilité expresse, il fit un gros trou sur les cartons pour voir ce dont le gouverneur ramenait. Le gouverneur intima l’ordre à son chauffeur d’ouvrir la male arrière de sa voiture. Gilles y déposa le contenu de la cargaison. Le gouverneur une fois à bord de sa voiture sourit, orgueilleusement à l’égard des badauds et referma sa portière. Au moment de démarrer le bolide, les enfants de la rue firent halte à tout déplacement ; la voiture du gouverneur fut prise en otage. Gilles fit descendre de la voiture monsieur le gouverneur, le traina vers une ancienne bâtisse coloniale aujourd’hui abandonnée, le fit asseoir au milieu du lac qui recouvrait la cour de cet entrepôt colonial. Les cris d’alerte rouge des Nanga Boko mirent le reste des invités à cette soirée élogieux au scandale. Ce fut le fiasco général et la débandade totale. Chacun cherchant à se frayer une issue de sortie. Les journalistes invités à la couverture médiatique de cet événement eurent là, le scoop et la une des journaux du lendemain. Gilles levait la voix et ses coéquipiers reprenaient en cœur : cassez brûlez ; Egorgez faites de la terreur afin que ce gouverneur et ses alliés prennent enfin en compte les milliers de ces enfants de cul de jattes qui n’ont eu pour certains comme tout héritage que le souvenir vague de leur parent. L’amour, nous n’avons jamais connu pas celui de nos parents, ni celui de nos familles respectives et encore moins la sollicitude de l’état. Monsieur le gouverneur j’enrage d’envie de te couper la tête. Avez-vous déjà entendu parle de la glutine ? N’allons pas si loin. Avez- vous déjà dormi dans la tombe de je ne sais qui au cimetière ? Ce soir, vous allez faire une palpitante expérience. Monsieur le gouverneur vous avez mangé n’est-ce pas. Vous avez bu du bon vin. Vos enfants vont à l’école, vous avez des fortunes colossales dans diverses banques à travers le monde. Savez- vous qu’ils se comptent pas milliers des enfants et des adolescents qui meurent chaque jour de faim ? Oui je le sais. Savez vous qu’il se compte par millier des enfants qui ne connaitront jamais le chemin de l’école, l’apprentissage d’un métier ? Oui je le sais. Ah ! Vous le savez et que faites vous de vos moyens personnels pour remédier à cette situation ? Et le gouvernement ? Dans votre malle arrière il y a du champagne, du poulet, du plantain et autres victuailles dont je m’épargne toute énumération. Où alliez vous avec ? Chez-moi Et que faites vous de nous ? Cruelle gourmandise, élite africaine Monsieur le gouverneur, ce soir nous vous amènerons à notre hôtel .Il faudrait que vous voyiez notre merdier, de cette expérience, peut être nous gagnerons votre estime et celle de vos collègues et le parterre de tous ces convives. Allons- y Au cimetière Au cimetière Scandaient les coéquipiers de Gilles. Malheureusement, le groupement d’intervention mobile mis au parfum de ce grave parjure sur la personne du gouverneur coupa court le chemin aux enfants de la rue. Gilles ne céda pas aux injonctions du commissaire de la police de laisser partir le gouverneur. Gilles, d’une mobilité expresse sortit un poignard et le dirigea sur le cou du gouverneur. Ce fut la panique générale et les houlà de la foule. Gilles reprit le commissaire de police dont la figure de cet adolescent ne lui était pas étrangère. Vous avez pris la république en otage, laisse partir le gouverneur et parlementons. Non repartit Gilles, vous tuez mes camarades pour un larcin parce qu’ils quêtent de quoi stopper une famine hémorragique et les bandits de la république, ces gros bandits à col blanc que faites- vous d’eux ? Il y a désormais, l’opération épervier Quelle connerie votre épervier depuis qu’ils sont dans les geôles combien de centime de franc ont-ils rembourse ? La justice suit son cours Monsieur le commissaire le destin a déjà scellé mon sort. J’étais mort avant d’être né. Que Ferez-vous de moi ? Alors fiston, du calme, du calme lança le prêtre revenu sur ses pas parce que alerté d’urgence de la situation qui prévalait à l’hôtel. La mise était inestimable pour faire de sorte que Gilles revienne à de meilleur sentiment et reprenne de l’esprit ou de la raison. Le père réussit à le faire sourire et la foule respira mieux, le commissaire de police faisant venir le prélat savait qu’il jouissait d’une haute estime dans la communauté des Nango Boko. Il était l’unique espoir pour désamorcer la bombe et d’une rapidité extrême il fit renoncer Gilles. Le gouverneur respira profondément pour reprendre des forces et du courage. Sous haute escorte policière, il regagna sa voiture cette fois ci en esquissant un sourire complice à Gilles. Le lendemain matin tous les canards à grands tirages titrèrent « la république prise en otage par Gilles, le roi de la pègre ». L’image de Gilles en compagnie du prêtre accompagnait ce titre à la une des journaux. Gilles regagna après un bref procès, la prison de New-Bell pour la quatrième fois, à 10 ans. Assis dans ses appartements prives de la prison, Il fit le soir de son arrivée la boucle des médias, la télévision, les médias électroniques et Internet faisant le point de l’actualité sur les événements capitaux traités. Les différentes chaînes de télé et autres supports médiatiques diffusaient en gros plan la photo du gouverneur avec un couperet sur la gorge. Ils ne diffusaient pas entièrement la photo des protagonistes Gilles se reconnut néanmoins sous la bande qui cachait la figure. Il sourit pour se féliciter de sa bravoure en tirant cette conclusion « nous ne sommes pas tous des méchants ». Ils faillaient tout simplement procéder d’une manière forte pour qu’on s’interroge sur le sort des laissés pour compte tant pis si nous avons entaché les emblèmes nationaux. Ils tiendront désormais compte de la racaille. Nous n’avons rien fait de mal pour mériter être tous jetés à la poubelle de la république sans discernement. Il y a bien de génies parmi nous. Des hommes qui bien formés, donneront une plus value à la performance de notre société. Je caressais le rêve de devenir un jour pilote d’avion si j’avais eu un coup de pouce de l’élite. De la société, mon rêve ne se serait pas évaporé comme une boule de neige sous le soleil. De mon emprisonnement naîtra la volonté politique du gouvernement et des leaders d’entreprise tiendront compte du phénomène « Nanga Boko » si la société civile prend acte de la légitimité de nos revendication, nous sommes un corps avec lequel il faudrait négocier dans un proche avenir pour le salut de la patrie et le respect des mentors de la république. Il n’y aura plus de paix sociale si nous ne sommes pas pris en considération. il voudrait mieux que tout le système s’effondre et que les survivants du déluge repartent à zéros dans un nouveau contrat social. Au quartier mineur de la prison centrale de New-Bell, il y avait un compartiment chic des geôles, où résidaient quelques élus de l’opération épervier. Gilles stupéfait de les avoir comme codétenus avait déjà parmi ces hommes quelques affinités. Il s’était approché de quelques uns espérant creuser en aparté leur estomac pour découvrir le pot au rose de ce dont il appelait la maffia politico politicienne. Il s’étonnait du fait qu’aucuns des accusés n’avaient jamais plaidés coupable à la barre pourtant, dans la démonstration des juges les faits étaient irréversibles qu’ils avaient commis pour la plupart des crimes économiques ignobles. Pour Gilles puisqu’ils s’obstinaient à ne pas reconnaître les faits, il faillait passer à la politique chinoise. Mettre deux de ces bandits politiques comme il convenait de les appeler selon machiavel, à la planche ou au poteau et leur tirer deux balles dans les crânes. Peut-être cette mesure sérère devait dissuader les autres à ne plus tenir la langue de bois. Pour Gilles à quoi cela servait de condamner à perpétuité ou a trente ans, vingt ans, ces aïeux qui ne demandaient déjà qu’un asile tranquille pour y passer la retraite. Le pays était à genou à cause des fautes de gestion de ces croulants. Il y’avait certainement quelque chose digne d’incompréhension pour Gilles. Ces hommes plaidaient tous ou pour la plupart non coupable mais comment sans être des hommes d’affaires à l’exception d’un ou deux ils expliquaient leur colossale fortune. Des multi- plex par ci, des bunkers par là, des immeubles d’une insolence caractérisée dans toutes les métropoles économique du pays. Des duplex à paris, à Londres et ou Canada. L’arrogance de la fortune de leurs favoris, les proches et les maîtresses. Quel salaire de la fonction publique pouvait leur permettre d’avoir un tel train de vie et de traîner des richesses inestimables ? Ces réflexions troubles procuraient à Gilles un mal vivre, chaque un instant qu’il passait auprès de ces éperviables l’écœurait et le consumait à petit feu dans ses profondeurs. Le fait qu’il soit passé à côté de son dessein d’être un jour pilote renforçait en son for intérieur une profonde rancune à l’égard de ces hommes que l’épervier tenait dans ses griffes comme responsable de l’effondrement total du pays. Gilles céda un jour à la tentation d’imposer à ces éperviables sa justice. Il prit en otage, coutelas à la main le colonel oténo ex directeur du port autonome de Douala. La confrontation fut rude. Monsieur Dis-nous où tu as planqué l’argent du port ou je te tranche la gorge. Comme pour signifier que l’heure était grave, et que la menace était à prendre au sérieux cette fois, il coupa net un des phalanges du colonel. La panique gagna la prison centrale de Douala, de nouveau la presse fut alertée et les corps administratifs. Le commissaire de police monsieur Renard refit surface. Encore toi, à Gilles Ah ! Monsieur le commissaire vous avez été incapable de faire le boulot, suivez mon exemple. Sur ce il trancha un nouveau doigt Gilles débarrasse- toi de ton arme ou je tire. De mon sang germera la semence d’une société équitable. Alors monsieur le commissaire ce que vous avez été incapable de faire, laissez moi y vous aider. Je vais lui sectionner le cou et transformer la main en saucisse. Les félicitations se levèrent de la foule du quartier mineur, monsieur le commissaire de police, prit de panique, appuya sur la détente de son pistolet automatique et Gilles tomba sur le côté En moins de deux second tout le périmètre de la prison fut quadrillé par une patrouille mixte armée lourdement. Gilles fut conduit au cimetière le lendemain après-midi. Si vous faites un tour au Bois de Singe, le cimetière qui jouxte les hangars de l’aéroport international de Douala vous y trouverez là-bas une tombe sur laquelle est écrit. ICI REPOSE GILLES LE ROI DE LA PEGRE 1990-2007vCassez, brûlez, égorgez Faites de la terreur s’il le faut, Pourvu que ces fonctionnaires nous tiennent enfin en compte. Nous en avons assez des égouts et des cimetières, comme logis. Nous avons suffisamment attendu d’avoir accès aux miettes de leur repas, jamais, ils ne se sont montrés rassasiés pour nous faire lécher les plats en les rinçant. N’est-il pas mieux de mourir que d’être continuellement à la merci de leur regard dédaigneux et leur rire goguenard ? Cette interrogation de Gilles avait plongé dans l’inquiétude la foule des bourgeois rassemblée dans le hall de l’hôtel résidence la falaise, un établissement hôtelier trois étoiles situé dans le luxueux quartier administratif Bonandjo dans la ville de Douala au Cameroun. Les invités triés sur le volet étaient venus recevoir les oscars des meilleurs entreprises dans la vente des boisons alcoolisées. Les quatre pôles du Cameroun étaient représentés dans la salle de l’hôtel résidence la falaise, par un Directeur commercial d’une des firmes ayant fait des juteuses affaires avec les brasseries du Cameroun. Ces messieurs assez distingués, et dont l’arrogance de leur fortune pouvaient se lire des différentes marques de voitures, aux costumes que chaque invité arborait. L’hôtel résidence la falaise pour ce soir inédit avait sorti son grand couvert, des whiskys et des champagnes allaient couler à flot. En jetant un coup d’œil sur les tablettes, on aurait pu dire que les bières embouteillées sur place par cette entreprise brassicole n’étaient réservées que pour les citoyens de seconde zone. Il n’y avait nulle part la marque de ces bouteilles ; par contre, on y distinguait des canettes de bières sûrement venues des usines sœurs en Europe L’Hôtel Résidence la Falaise s’apprêtait ainsi à recevoir un gratin d’hommes d’affaires, de commerciaux prestiges et d’hôtes de trop grande honorabilité. Le lieu de réception, n’était dont pas un choix du hasard. Bonandjo situé en plein cœur de Douala ville portuaire du Cameroun est par excellence le siège des affaires administratives. Du haut de ses immeubles hauts standings vous y contemplerez le Wouri ce merveilleux fleuve dont toutes les mangroves sont en perte en raison de l’extension continuelle des terres fermes, sollicitation des sociétés. D’ici peu l’on redoute qui n’y ait plus de poisson dans nos plats, conséquence directe de l’extinction de ces mangroves, lieu propice pour la reproduction de la faune marine. Dommage L’hôtel résidence la falaise est sans doute situé sur une de ces mangroves, cet hôtel jouxte les bureaux de la Camrail et est à l’épicentre même de ce quartier administratif et résidentiel. Implanté depuis plusieurs années, au environ de la décennie 1980 par un patriarche homme d’affaires, cet homme devenu aujourd’hui propriétaire d’une chaîne hôtelière à commence en aménageait des auberges et aurait fait fortune dans plusieurs petits commerces. Son hôtel timbré trois étoiles est une grande fierté pour sa nombreuse semence. Cette chaîne hôtelière peut se vanter d’accueillir aux cours de l’année de très hautes solennités. Pour le majestueux événement des remises des oscars aux entreprises brassicoles, le gouverneur de la région du littoral et le préfet du Wouri étaient les officiels devant servir des patrons de la soirée. Le gouverneur tête d’affiche était coiffé d’une tenue vestimentaire assez onéreuse ; Une veste trois fentes en soie, une chaussure en peaux de crocodile et une bague en or massif, dont la brillance attira le regard envieux des badauds, ces enfants de la rue, rangés au ré –de chaussée de l’hôtel en attente de quelques sympathies. Le préfet venu trente minutes avant l’arrivée de son supérieur hiérarchique était resté fidèle à leur tenue d’apparat traditionnelle fort remarquable. Il était couvert d’une gandoura brodée des mains de grands tisserands car la broderie qui recouvrait le tiers du vêtement était magnifique et très flatteur des yeux. Le chapeau tout aussi brodé, était scellé à ses extrémités par de très beaux cauris. Le style traditionnel et moderne alternait les costumes arborés par les hôtes de la soirée. Le dénominateur commun était l’élégance et l’arrogance de la fortune. En observant également le décor féerique de la salle de fête nous étions loin des conclusions alarmistes, le Cameroun se porte mal, les africains se bouffent entre eux. Non ici on avait toute autre idée ; l’économie du pays se porte bien en témoignait l’étoffe que chaque invité s’était paré. Au rez-de chaussée de l’immeuble, des odeurs exquises des victuailles ou des bivouacs que le vent emportait, flattaient les narines, des badauds installés là par la circonstance. Ces derniers espéraient partager, le repas et le vin des élites. L’occasion leur était donnée de manger hors des poubelles. Ils espéraient croquer de la bonne chair, une viande saignante et fraîche, D’aucuns se faisaient l’idée d’économiser au plus car, ils espéraient que ces messieurs de gros calibre se contenteront juste de caresser les dents et se mouiller à peine la gorge. Alors ils étaient partis à la recherche des sacs pour emporter les restes dans leur gîte de fortune, égouts et cimetières. Gilles avait laissé ses camarades s’embrouiller, habitué à ce genre de rendez- vous et connaissant par expérience les attitudes de ces gros bonnets il avait laissé ses camarades apprêter les sacs en savourant en cachette son ironie, il voulait que chacun découvre de lui-même la malheureuse surprise. Cependant, il espérait et ceci lui était une contrariété qu’avec la présence du gouverneur et du préfet deux représentants de marque de la république, les choses pouvaient avoir autre couleur différente que celle dont il était habitué Cette réflexion calma ses ardeurs du début et il joua utile en surveillant les voitures des invités et en y apportant un coup de propreté de circonstance. Il se posta devant la voiture du gouverneur, la plus haute personnalité des lieux. Gilles portait ce soir là une chemise crasseuse, un pantalon jeans sur lequel à l’aide de la javel il avait écrit « Dieu n’oublie personne ». Ses chaussures devraient être sorties des tombes, elles appartenaient à une époque révolue, les talons de la chaussure étaient hauts de cinquante centimètre et le cuir dégageait une odeur de pourriture. Cet adolescent de seize ans, fils d’un freluquet originaire du Sud-Cameroun avait hérité à la mort de son père, le cordonnier du village, juste la caisse à outil déjà dénuée de son contenu. Acte ignoble de ses oncles paternels. Sa mère le traîna dans un second mariage mais la cohabitation avec son beau père ne fut pas aisée, il dût arrêter sa scolarité en classe de CP en raison du manque de volonté de son beau père et de sa famille à l’aider à continuer ses études. A peine âgé de 7ans il savait déjà se battre pour subvenir à ses besoins alimentaires et vestimentaires. Il ne tarda pas à être chassé du logis de son beau père par des bastonnades, la moindre peccadille n’était pas tolérée. Il devint enfant de la rue. Il n’avait alors que dix ans, c’est à cette âge qu’il élu domicile au cimetière de Bonadibong. Il aurait aimé être pilote. Si le destin n’avait pas été si cruel en son endroit! Dans ses vêtements effilochés ce maigrichon de dix ans, au teint foncé, à la chevelure crépue et d’une force physique impressionnante à défaut d’être pilote d’avion était devenu une terreur insaisissable. La société ne lui avait accordé d’autre choix que de sombrer dans l’imbécillité et pourtant, ce garçon à la tête sous forme de papaye solo, à l’œil vif du corbeau était doué d’intelligence. C’est pourquoi il était devenu dans la rue un leader, le maître du jeu du groupe. Gilles pour affronter les fantômes du cimetière s’était adonné très tôt à la drogue. Sa drogue de préférence était les résidus de la cocaïne. Une drogue aussi chère que la colle forte, le D10 le banga et l’alcool. D’ailleurs, il fallait éviter de partager son repas. Son repas était cuit dans des boites de conserve et il y avait du bon tabac. Il y avait longtemps que sûrement, il n’avait pas croqué une bonne chair. L’espoir y était en ce soir de remise d’oscar. Le gouverneur était bel et bien au rendez-vous, la porte étendard du gouvernement n’avait pas le droit de faire état de sa gourmandise. A l’intérieur de l’immeuble, les événements suivaient leur cours entre- coupés par la présentation scénique d’une pléthore d’artistes et les invités pour l’occasion. Certaines « nanga Boko » alléchés par l’odeur des mets s’étaient retrouvés à l’intérieur de l’immeuble en cédant aux gardiens quelques pièces de FCFA. Ainsi ils avaient troqués leur habit de fortune contre une autre assez acceptable mais une fois dans la salle, ils s’étaient cachés du regard des organisateurs de la soirée derrière les joints de l’immeuble. Ils ne voulaient pas rater l’heure de la gastronomie. Malheureusement contre toute attente, ils furent débusqués de leur cachette par un vigile qui n’était pas mêlé à la tricherie. On les pria de regagner silencieusement, l’extérieur pour ne pas attirer les bruits et croître des incidents, maîtrisant l’humeur des enfants de la rue les corrompus remboursèrent jusqu’au moindre centime toute la somme reçue pour les faire entrer dans la salle. A l’issu de cet échec tous tournèrent leur regard vers le fonctionnaire qui était au lieu des cérémonies. Le gouverneur Pense à nous suggéra Gilles. Gouverneur doit penser à nous ou, il aura de nos nouvelles articula Gilles. Ce repris de justice avait connu trois fois de suite la prison centrale de New-bell. Le quartier mineur le connaissait, il avait là, ses appartements privés et ses lieutenants les gardaient le temps que sorti après sa détention il séjourne au cimetière avant d’y retourner .Car son séjour hors des geôles était si souvent écourté par l’avènement d’un autre sinistre devant le reconduire au tribunal et par la suite dans ses appartements privés de la prison centrale de Douala. Là il avait été victime de la sodomie à l’âge de onze ans. Il avait aussi appris à sucer le pénis de ses aînés de la prison avant de devenir dealer, un poste clé et avantageux à la prison. Pour y arriver il fallait lécher les boites des aînés, il avait fait cette école. Cassez, brûlez, égorgez, faire de la terreur n’était pas un vocabulaire qu’ il ignorait. D’ailleurs il savait en faire bon usage de ces mots. La présence du gouverneur en ce lieu de la fête avait gagné sa sympathie et il avait tout de suite saisie l’enjeu et amener ses camarades a être plus sérieux et doux. Le gouverneur pouvait porter leurs différentes doléances en plus haut lieu qu’ils n’avaient jamais espéré dans leur merdier. Désormais, loin d’être comparé à la poubelle, au déchet de l’humanité, par la médiation de l’homme d’état, le gouvernement devait avoir un regard sympathisant à leur égard et, ils pourront bénéficier des actions du service social qui se faisaient rares et profitaient à toute autre cible que ceux pour qui les fonds d’une rareté extrême, telles les larmes d’un chien, étaient destinés. Bravo l’Afrique ! Voila, nous sommes les victimes innocents d’un système corrompu qui n’offre aucun espoir à un pauvre. A travers le gouverneur les carcans du pouvoir devaient être secoués depuis les sommets, il y avait des chances d’être désormais connecté à la présidence de la République qui de part l’opération Epervier devait extirper les ripoux de la république. Gilles qui était au courant et à la page des informations maximisait ses chances d’appartenir désormais à un atelier de formation. Seulement, il fallait que pour une fois le gouverneur prête une oreille attentive à ces badauds qu’il avait vu masser au ré de chaussée à son arrivée à l’hôtel. Gilles avait eu mille réflexions dans sa cervelle en présence du gouverneur : « je n’eu pas la chance de devenir pilote, aujourd’hui mécanicien, peintre, maçon etc.… peu importe, pourvu que j’ai une qualification ». Pendant qu’il était perdu dans ces réflexions, ses amis surveillaient à travers les fenêtres le mouvement des plats. Les rideaux transparents des fenêtres de l’hôtel leur permettaient d’avoir l’œil sur la remue ménage des cuillères, des fourchettes et des bouteilles de champagnes et whisky. Ils étaient déjà à bout de patience quand le prêtre amorça la bénédiction du repas. Un sourire illumina soudainement le visage des badauds. L’heure des hostilités était enfin arrivée. Gilles s’est mis à crier à l’égard des convives à travers les fenêtres, jetez nous quelques morceaux de pains et ses amis reprirent en chœur « Amen », visiblement pour saluer la fin du discours du prélat des lieux qui durait déjà une éternité. L’homme de Dieu se prêtait à cœur joie à la solennité de cet événement laïc. Dans son discours il exhorta ces chefs d’entreprise à privilégier le côté social et à penser qu’en bas des escaliers attendait cette dizaine de badauds qui peut-être depuis longtemps n’ont pas eu droit à un repas copieux. Dieu n’oublie personne mais il utilise souvent d’autres comme la passerelle pour éclairer le chemin de certains en occurrence les orphelins, les démunis les déshérites de tous bords. Vous êtes détenteurs de milliers de millions, pensez à concéder une part de cet héritage pour panser les souffrances de l’humanité .Jésus est né dans une étable dans la pauvreté absolue. Mais les mages l’ont comblés d’Emeraudes, mille trésors afin que les jours de sa jeunesse ne soient pas pénibles. Chaque enfant au rez-de- chaussée de cet immeuble est un Jésus, jouez votre rôle de mages. Le spiritain de 80ans, à la tête de tortue avait de la matière grise et pensait toucher le cœur de ces hommes d’affaires qui n’ont d’yeux que pour amasser mille trésors à leur seul compte. Le prêtre tenait à les sortir de cet obscurantisme, Arrivé au Cameroun en 1960 aux lendemains des indépendances il s’engagea dans la lutte contre la pauvreté et la discrimination sociale. Enseignant, initiateur d’un gramen bank à l’intention des plus pauvres, acteur social et promoteur de plusieurs projets à caractère social tels que les écoles, les hôpitaux, l’aménagement et l’assainissement des marécages. Il avait roulé sa bosse et était au soir de son départ pour l’éternité. On l’appelait affectueusement « bombok » « Aïeux ». Il était tellement affectueux et compatissait au sort des badauds abandonnés à l’estrade de l’hôtel. Il garda son parquet à ces enfants à sa sortie de l’édifice. Le gouverneur était attablé avec le préfet, à leur table, on pouvait compter douze bouteilles de champagnes, huit bouteilles de whisky haut de gamme ; des vins de table. Ils eurent l’honneur d’ouvrir le buffet. Dans le plat de chacun, il y avait tout les menus composant le buffet du jour. Des carottes, des laitues et des tomates pour l’entrée, Une salade des fruits pour la sortie. Le plat de résistance tenait lieu d’un amoncellement de cuisses de poulet, et de pintades, des morceaux de mouton, bœuf, c’était aussi alléchant que les belles dames qui les tenaient compagnie ce soir là. L’épouse du gouverneur était comme une perle rare, aux grands seigneurs les meilleurs gourmets. Elle pouvait mesurer un mètre soixante quinze centime et peser à peu près quatre vingt kilos. Ses fesses, de véritable instrument pour une soirée de baise. Elle passait pour la star de la soirée patentée d’un titre de gouverneur, d’une beauté pouvant exalter tout cœur, ne pouvait pas passer inaperçue. Aie ! Elle était une merveille réussie de Dieu, son parfum d’une odeur exquise donnait envie de l’embrasser et de conserver sur soi cette odeur enivrante et enviable. Ce n’était pas une affabulation de dire que la dame du gouverneur était d’une richesse incommensurable et inestimable. Comme son mari elle était parée d’ornement pouvant susciter des jalousies dans son entourage immédiat. Quelle extravagance ! Des rumeurs du cercle administratif racontaient que les deux tourtereaux, le gouverneur et sa Prusse étaient des amours de jeunesse qui ont résisté à l’usure du temps et des incidents malheureux car, monsieur le gouverneur tenait à faire savoir à la gent féminine qu’il était un gros calibre, le sexe, il pouvait vous en offrir doublé de l’argent des villas et des voitures. A le voir c’était un homme qui respirait la bonne vie, le luxe… Dieu l’avait épargné de la disette et des rancœurs que ruminait la jeune génération. Il avait profité des vannes ouvertes, de la société à son époque. Des bourses d’études, des stages à l’étranger, des grandes écoles, la gratuité du logis, de la voiture. Bref, cet homme était loin du déluge du siècle présent. Il pouvait en toute allégresse entonner « ô Cameroun, le berceau de nos ancêtre ». Cet hymne que la jeune génération maudissait de tout cœur. La jeune génération chantant précocement l’oraison funèbre de leur décès. A peine éclos, il était invité à la misère, qu’ont-ils fait pour mériter cette malédiction, se demandaient ces esprits aigris. Au contraire de cette jeunesse aux abois, l’administrateur civil se projetait d’écrire dans un avenir proche, un livre intitulé « les chansons à l’éternité » où, il fera l’éloge du Seigneur qui lui avait accordé de naître à une période faste de l’économie Camerounaise et, à une époque où la conscience nationale avait un sens. Le patriotisme ayant aujourd’hui perdu de repère au profit de l’individualisme et aussi à l’essor d’un capitalisme horripilant au visage inhumain. Pour l’administrateur civil en ce soir de festivités à l’Hôtel la Falaise pour la énième fois, il était à l’honneur. Sa bonne humeur se faisait sentir et l’ambiance bon enfant que distillait la musique en fond sonore l’exonérait de tous soucis or, en bas des escaliers les enfants de la rue étaient las d’attendre que l’homme d’état réagisse de fort belle manière. L’atmosphère commençait déjà à se surchauffer, parmi les copains d’infortune de Gilles. Gilles se voulait rassurant, le gouverneur est un homme de grand cœur se dit-il pour rassurer ses propres inquiétudes. Tous avaient la peau à fleur et la température au sein du groupe montait chaque instant d’un cran face à l’attitude du gouverneur qui tardait à aller à la rencontre des infortunés. Ils voulaient passer à l’acte mais Gilles, brave harangueur maîtrisait la petite foule d’un verbe fort flatteur. La patience suggère les promesses d’une grande fleuraison, fit entendre Gilles. « Seulement, l’arbre peut perdre toutes ses fleurs en raison d’une longue sécheresse » rectifia un de ses acolytes. En toute chose il faut la mesure du temps agença un autre et, Gilles de conclure, voila le gouverneur qui s’amène. D’une mobilité extrême, les enfants s’attroupèrent auprès de sa voiture ;le Virgile fit appel à Gilles pour le port des males du gouverneur. Une bonne cargaison s’étonna Gilles, homme doué d’une curiosité extrême et d’une agilité expresse, il fit un gros trou sur les cartons pour voir ce dont le gouverneur ramenait. Le gouverneur intima l’ordre à son chauffeur d’ouvrir la male arrière de sa voiture. Gilles y déposa le contenu de la cargaison. Le gouverneur une fois à bord de sa voiture sourit, orgueilleusement à l’égard des badauds et referma sa portière. Au moment de démarrer le bolide, les enfants de la rue firent halte à tout déplacement ; la voiture du gouverneur fut prise en otage. Gilles fit descendre de la voiture monsieur le gouverneur, le traina vers une ancienne bâtisse coloniale aujourd’hui abandonnée, le fit asseoir au milieu du lac qui recouvrait la cour de cet entrepôt colonial. Les cris d’alerte rouge des Nanga Boko mirent le reste des invités à cette soirée élogieux au scandale. Ce fut le fiasco général et la débandade totale. Chacun cherchant à se frayer une issue de sortie. Les journalistes invités à la couverture médiatique de cet événement eurent là, le scoop et la une des journaux du lendemain. Gilles levait la voix et ses coéquipiers reprenaient en cœur : cassez brûlez ; Egorgez faites de la terreur afin que ce gouverneur et ses alliés prennent enfin en compte les milliers de ces enfants de cul de jattes qui n’ont eu pour certains comme tout héritage que le souvenir vague de leur parent. L’amour, nous n’avons jamais connu pas celui de nos parents, ni celui de nos familles respectives et encore moins la sollicitude de l’état. Monsieur le gouverneur j’enrage d’envie de te couper la tête. Avez-vous déjà entendu parle de la glutine ? N’allons pas si loin. Avez- vous déjà dormi dans la tombe de je ne sais qui au cimetière ? Ce soir, vous allez faire une palpitante expérience. Monsieur le gouverneur vous avez mangé n’est-ce pas. Vous avez bu du bon vin. Vos enfants vont à l’école, vous avez des fortunes colossales dans diverses banques à travers le monde. Savez- vous qu’ils se comptent pas milliers des enfants et des adolescents qui meurent chaque jour de faim ? Oui je le sais. Savez vous qu’il se compte par millier des enfants qui ne connaitront jamais le chemin de l’école, l’apprentissage d’un métier ? Oui je le sais. Ah ! Vous le savez et que faites vous de vos moyens personnels pour remédier à cette situation ? Et le gouvernement ? Dans votre malle arrière il y a du champagne, du poulet, du plantain et autres victuailles dont je m’épargne toute énumération. Où alliez vous avec ? Chez-moi Et que faites vous de nous ? Cruelle gourmandise, élite africaine Monsieur le gouverneur, ce soir nous vous amènerons à notre hôtel .Il faudrait que vous voyiez notre merdier, de cette expérience, peut être nous gagnerons votre estime et celle de vos collègues et le parterre de tous ces convives. Allons- y Au cimetière Au cimetière Scandaient les coéquipiers de Gilles. Malheureusement, le groupement d’intervention mobile mis au parfum de ce grave parjure sur la personne du gouverneur coupa court le chemin aux enfants de la rue. Gilles ne céda pas aux injonctions du commissaire de la police de laisser partir le gouverneur. Gilles, d’une mobilité expresse sortit un poignard et le dirigea sur le cou du gouverneur. Ce fut la panique générale et les houlà de la foule. Gilles reprit le commissaire de police dont la figure de cet adolescent ne lui était pas étrangère. Vous avez pris la république en otage, laisse partir le gouverneur et parlementons. Non repartit Gilles, vous tuez mes camarades pour un larcin parce qu’ils quêtent de quoi stopper une famine hémorragique et les bandits de la république, ces gros bandits à col blanc que faites- vous d’eux ? Il y a désormais, l’opération épervier Quelle connerie votre épervier depuis qu’ils sont dans les geôles combien de centime de franc ont-ils rembourse ? La justice suit son cours Monsieur le commissaire le destin a déjà scellé mon sort. J’étais mort avant d’être né. Que Ferez-vous de moi ? Alors fiston, du calme, du calme lança le prêtre revenu sur ses pas parce que alerté d’urgence de la situation qui prévalait à l’hôtel. La mise était inestimable pour faire de sorte que Gilles revienne à de meilleur sentiment et reprenne de l’esprit ou de la raison. Le père réussit à le faire sourire et la foule respira mieux, le commissaire de police faisant venir le prélat savait qu’il jouissait d’une haute estime dans la communauté des Nango Boko. Il était l’unique espoir pour désamorcer la bombe et d’une rapidité extrême il fit renoncer Gilles. Le gouverneur respira profondément pour reprendre des forces et du courage. Sous haute escorte policière, il regagna sa voiture cette fois ci en esquissant un sourire complice à Gilles. Le lendemain matin tous les canards à grands tirages titrèrent « la république prise en otage par Gilles, le roi de la pègre ». L’image de Gilles en compagnie du prêtre accompagnait ce titre à la une des journaux. Gilles regagna après un bref procès, la prison de New-Bell pour la quatrième fois, à 10 ans. Assis dans ses appartements prives de la prison, Il fit le soir de son arrivée la boucle des médias, la télévision, les médias électroniques et Internet faisant le point de l’actualité sur les événements capitaux traités. Les différentes chaînes de télé et autres supports médiatiques diffusaient en gros plan la photo du gouverneur avec un couperet sur la gorge. Ils ne diffusaient pas entièrement la photo des protagonistes Gilles se reconnut néanmoins sous la bande qui cachait la figure. Il sourit pour se féliciter de sa bravoure en tirant cette conclusion « nous ne sommes pas tous des méchants ». Ils faillaient tout simplement procéder d’une manière forte pour qu’on s’interroge sur le sort des laissés pour compte tant pis si nous avons entaché les emblèmes nationaux. Ils tiendront désormais compte de la racaille. Nous n’avons rien fait de mal pour mériter être tous jetés à la poubelle de la république sans discernement. Il y a bien de génies parmi nous. Des hommes qui bien formés, donneront une plus value à la performance de notre société. Je caressais le rêve de devenir un jour pilote d’avion si j’avais eu un coup de pouce de l’élite. De la société, mon rêve ne se serait pas évaporé comme une boule de neige sous le soleil. De mon emprisonnement naîtra la volonté politique du gouvernement et des leaders d’entreprise tiendront compte du phénomène « Nanga Boko » si la société civile prend acte de la légitimité de nos revendication, nous sommes un corps avec lequel il faudrait négocier dans un proche avenir pour le salut de la patrie et le respect des mentors de la république. Il n’y aura plus de paix sociale si nous ne sommes pas pris en considération. il voudrait mieux que tout le système s’effondre et que les survivants du déluge repartent à zéros dans un nouveau contrat social. Au quartier mineur de la prison centrale de New-Bell, il y avait un compartiment chic des geôles, où résidaient quelques élus de l’opération épervier. Gilles stupéfait de les avoir comme codétenus avait déjà parmi ces hommes quelques affinités. Il s’était approché de quelques uns espérant creuser en aparté leur estomac pour découvrir le pot au rose de ce dont il appelait la maffia politico politicienne. Il s’étonnait du fait qu’aucuns des accusés n’avaient jamais plaidés coupable à la barre pourtant, dans la démonstration des juges les faits étaient irréversibles qu’ils avaient commis pour la plupart des crimes économiques ignobles. Pour Gilles puisqu’ils s’obstinaient à ne pas reconnaître les faits, il faillait passer à la politique chinoise. Mettre deux de ces bandits politiques comme il convenait de les appeler selon machiavel, à la planche ou au poteau et leur tirer deux balles dans les crânes. Peut-être cette mesure sérère devait dissuader les autres à ne plus tenir la langue de bois. Pour Gilles à quoi cela servait de condamner à perpétuité ou a trente ans, vingt ans, ces aïeux qui ne demandaient déjà qu’un asile tranquille pour y passer la retraite. Le pays était à genou à cause des fautes de gestion de ces croulants. Il y’avait certainement quelque chose digne d’incompréhension pour Gilles. Ces hommes plaidaient tous ou pour la plupart non coupable mais comment sans être des hommes d’affaires à l’exception d’un ou deux ils expliquaient leur colossale fortune. Des multi- plex par ci, des bunkers par là, des immeubles d’une insolence caractérisée dans toutes les métropoles économique du pays. Des duplex à paris, à Londres et ou Canada. L’arrogance de la fortune de leurs favoris, les proches et les maîtresses. Quel salaire de la fonction publique pouvait leur permettre d’avoir un tel train de vie et de traîner des richesses inestimables ? Ces réflexions troubles procuraient à Gilles un mal vivre, chaque un instant qu’il passait auprès de ces éperviables l’écœurait et le consumait à petit feu dans ses profondeurs. Le fait qu’il soit passé à côté de son dessein d’être un jour pilote renforçait en son for intérieur une profonde rancune à l’égard de ces hommes que l’épervier tenait dans ses griffes comme responsable de l’effondrement total du pays. Gilles céda un jour à la tentation d’imposer à ces éperviables sa justice. Il prit en otage, coutelas à la main le colonel oténo ex directeur du port autonome de Douala. La confrontation fut rude. Monsieur Dis-nous où tu as planqué l’argent du port ou je te tranche la gorge. Comme pour signifier que l’heure était grave, et que la menace était à prendre au sérieux cette fois, il coupa net un des phalanges du colonel. La panique gagna la prison centrale de Douala, de nouveau la presse fut alertée et les corps administratifs. Le commissaire de police monsieur Renard refit surface. Encore toi, à Gilles Ah ! Monsieur le commissaire vous avez été incapable de faire le boulot, suivez mon exemple. Sur ce il trancha un nouveau doigt Gilles débarrasse- toi de ton arme ou je tire. De mon sang germera la semence d’une société équitable. Alors monsieur le commissaire ce que vous avez été incapable de faire, laissez moi y vous aider. Je vais lui sectionner le cou et transformer la main en saucisse. Les félicitations se levèrent de la foule du quartier mineur, monsieur le commissaire de police, prit de panique, appuya sur la détente de son pistolet automatique et Gilles tomba sur le côté En moins de deux second tout le périmètre de la prison fut quadrillé par une patrouille mixte armée lourdement. Gilles fut conduit au cimetière le lendemain après-midi. Si vous faites un tour au Bois de Singe, le cimetière qui jouxte les hangars de l’aéroport international de Douala vous y trouverez là-bas une tombe sur laquelle est écrit. ICI REPOSE GILLES LE ROI DE LA PEGRE 1990-2007

Étiquettes
Partagez

Commentaires

kaptueflorian
Répondre

Dans cette nouvelle en hommage à la Sœur Marie Roumy, le pére Eric Deroxny, Yves Michel Fotso dont je me méfie de citer son nom haut en ces temps critiques de l'opération épervier au Cameroun, le gilles le roi de la pègre est la gifle donnée aux portes standard de la république du Cameroun par les enfants de la rue. Ils espèrent néanmoins qu'une fois les milliards qui voyagent dans les cieux de partout dans le monde récupérés, la république pensera à leur sinistre sort. c'est aussi une exhortation à ceux qui comme l’hôte précité, malgré ses problèmes judiciaires a entendu le cri de détresse de ces milliers de jeunes camerounais. I l y' a longtemps...