splendeur et misère de la presse privée au Cameroun

1 mai 2015

splendeur et misère de la presse privée au Cameroun

« Le messager a précédé le vent d’Est »
Il me plait de louer ici le courage, l’opiniâtreté, la foi et l’ambition d’aller toujours de l’avant car ce que beaucoup de gens ignorent c’est qu’à l’époque ou naissait « le messager » dans le sillage de la « gazette » il fallait être un peu fou pour s’investir et investir dans la presse. Le contexte était tel que la plupart de ceux qui aujourd’hui s’érigent en champions de liberté n’osaient pas prendre la plume pour exprimer leur opinion sur le plus banal des faits dans un journal. Tout le monde avait peur.
Vous me direz que même aujourd’hui, les journalistes ne sont pas entièrement à l’abri des entraves de toutes sortes maintenues par des forces réactionnaires.
Mais ils ont au moins l’avantage d’exercer dans un environnement ou l’arbitraire systématique a considérablement reculé. Et surtout un contexte ou ils ne sont plus seuls à se battre.
Il ya vingt ans les dénonciations d’Amnesty International n’avaient aucun effet sur les pouvoirs dictatoriaux d’Afrique. Il ya avait pas « reporters sans frontière » pour voler au secours des journalistes menacés. La communauté internationale se taisait faute de cautionner toutes les atteintes aux droits de l’homme tant que cela profitait à l’un ou l’autre des deux blocs pris dans le glacis de la guerre froide.
Et c’est au regard de tout cela que l’aventure de PIUS NJAWE prend la dimension d’un véritable parcours du combattant. « Le messager » n’a pas attendu que commence à souffler « le vent d’Est » ou que tombe le mur de Berlin pour se lancer dans la croisade pour la liberté.
Le journal est né et s’est développé à un moment ou le Cameroun était régi par des lois et des pratiques liberticides contre lesquels rares étaient ceux qui prenaient le risque de se battre, PIUS NJAWE; encouragé par quelques ainés a pris ce risque là.
Et non seulement il l’a fait mais il a tenu le cap depuis vingt ans et a permis à son journal de survivre à tous les périls pour ceux qui savent, cela relève de l’exploit
Qu’on le veuille ou non, qu’on soit d’accord ou pas avec lui, il y a lieu de reconnaitre que le jeune Comédien en herbe, grand admirateur de René .
Philombe, qui, un jour vint frapper à la porte de la gazette, a vraiment fait du chemin. Extrait de l’article d’Abodel Karimou Africus Paru dans le messager spécial 20ème anniversaire le Mercredi 24 Novembre 1999.
S’il est vrai que l’histoire de la conquête de la liberté d’expression donne la part belle Puis Njawé et qu’elle est jalonnée par l’histoire des heurts qui emmaillent le parcours du journal le messager dont ci-dessous je fais un briefing de ces événements, il ne faut pas oublier ses confrères, ses frères d’armes. Henriette Ekwé, Suzanne KOLA LOBE, Patrice DEDI PENDA, EYOUM’MA’TOH, Samuel ELEME, Severin TCHOUKEU, Benjamin ZEBAZE, Michel MICHAULT MOUSSALA, Jacques DOBELL, Jean Baptiste SIPA, Edouard KINGUE, Célestin LINGO et Bien autres que je m’excuse de ne pas les citer nommément comme le directeur de publication de génération.
Quand je me replonge dans l’univers et mon enfance et surtout de l’adolescence. Je me souviens de Bingo, l’une des premières publications Camerounaises que j’ai lues après peu, j’ai découvert la gazette d’Abodel Karimou Africus.
Ces deux publications étaient fortement ancrées dans les faits divers, les chiens écrasés mais subtilement, elles faisaient une critique pas trop osée des hommes politiques.
Il a fallu atteindre l’ère PIUS NJAWE pour voir une presse déchainée, une presse assez critique dont l’histoire est parsemée de Heurts avec le pouvoir.
• Février 1980, le ton est donné pour la répression de ce journal qui dérange, du 16 au 17 Février, se tiennent à Bafoussam les assises du IIIème congrès ordinaire de l’UNC. le messager bien que basé à Bafoussam ne figure pas parmi les médias accrédités. ce sera le début du long chemin de croix.
• Novembre 1981, la publication du messager est suspendue.
• Décembre 1990, dans son édition N°209 du 27 Décembre, le messager publie une ‘‘Lettre à Paul Biya’’ intitulée ‘‘la démocratie truquée’’ signée par Célestin Monga.
L’auteur et le responsable de la publication sont traduits en justice. C’est le début de l’affaire Monga – Njawé – le Messager
Juillet 1991 la censure sauvage continue le messager cri son ras- le- bol plus de 300.000 exemplaires pour six éditions sont victimes de saisies
29octobre 1996, pour le chef d’accusation d’outrage par injure au président de la république PIUS NYAWE et Eyoum Ngangue sont condamnés à une peine privative de liberté de 6 mois et à 1000.000 frs d’amende
Janvier 1998 pour s’être interrogé sur la santé du chef de l’état PIUS NJAWE est arrêté le 24 décembre 1997, jeté en prison et condamné à 2 mois ferme le 13 janvier1998
la presse privé au Cameroun a été un acteur majeur dans la conquête des libertés individuelles et collective son dynamisme et sa capacité à décrier les horreurs et la exactions du pouvoir a fait d’elle un acteur d’avant-garde pour le respect des droits de hommes au Cameroun.
En frayant son chemin, elle a bâti les sentiers de la liberté pour tout le peuple Cameroun mais seulement, elle reste condamnée dans la grande misère. S’il faut reconnaitre la pluralité des titres il faut admettre que les bureaux sont des cybercafés pour d’aucuns ou ils se prennent les rendez- vous pour travailler, il reste assez difficile d’identifier réellement le siège social de plusieurs canards. Les journalistes sont mal payés, ils ne jouissent tous d’une garantie retraite, ils n’ont pas les matricules CNPS
En cette année 2015 les lignes ont louablement bougés, juste après la mort de NOE DJEbET MASSOUSI, le secrétaire général de la Snjc (syndicat national des journalistes du Cameroun) sous la houlette de Denis Kwebo, secrétaire intérimaire, après moult tractations le gouvernement a légalement délivré les cartes de presse aux journalistes.
Ceci est une grande victoire et un ouf de soulagement pour le corps.

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