Cameroun: la face cachée des incendies dans l’administration publique

11 juin 2015

Cameroun: la face cachée des incendies dans l’administration publique

Au Cameroun, les habitués du détournement de deniers publics ne manquent pas d’astuce.

Aliéner des documents et incendier les archives, tel est le procédé qu’utilisent les pilleurs des deniers publics, pour dissimiler toutes les preuves qui les accableraient ? Pourquoi les ministères et les services décentralisés de l’administration publique se brûlent-ils ?
Attablé, un jour, dans un restaurant avec un ami archiviste, nous nous étonnions du fait que la gestion des archives et de la documentation est rangée toujours en dernier rang. Elle ne suscite parfois aucun intérêt pour les hauts dignitaires de nos administrations. Les budgets alloués à la documentation et aux archives sont maigres et, dès qu’il y a problème, c’est le premier poste à être sevré de tout financement. Un curieux intervenant vint à mentionner que, loin d’ignorer l’importance des archives -qui ont plusieurs fonctions, celles d’informer, de servir des preuves juridiques et parfois d’être pourvoyeur d’argent- ils laissent les archives dans un piteux état. Et ce sciemment, car ces archives bien traitées restent des épées de Damoclès suspendues à leur cou. Elles contiennent des renseignements qui pourraient aliéner leur liberté ou mettre leur vie en suspens ou en sursis.
Alors rien d’étonnant, pour un pays comme le Cameroun, plusieurs fois champion des pays corrompus, que les ministères et les services déconcentrés de nos administrations soient brûlés ou que des truands assiègent les locaux et mettent tous en sac. Les hommes clés, qui sont à la tête d’un sérail de faussaires et instigateurs des dossiers louches, usent de tous les moyens pour détruire les archives qui peuvent les compromettre eux ou l’un de leurs proches et s‘assurent que leur passé ne les rattrapera pas.
Un ami Congolais m’avoua récemment, lors d’un séminaire, que le mal n’est pas seulement camerounais, il est africain. Il déclare qu’à chaque transition le fleuve Congo avale des tonnes d’archives issues des transactions financières de la manne pétrolière et forestière. Il faut détruire systématiquement toutes les pièces à conviction qui peuvent accabler ou mettre à rude épreuve l’un ou l’autre régime.

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