Cameroun, paysage médiatique, des tabloïds au format redimensionné

19 juillet 2015

Cameroun, paysage médiatique, des tabloïds au format redimensionné

Ils affichent fière allure, dimension formatA4 et huit pages à 100 Fcfa. Ce sont les dernières trouvailles de la presse écrite au Cameroun.
Il fallait penser autrement pour essayer de renouer avec le grand public déçu par la cherté des grands tabloïds et surtout par la pauvreté des contenus au quotidien .
Tous titrent politique et donnent les même informations. L’on se rend compte que le grand public peut encore se passionner pour la lecture des journaux plutôt que de faire la lèche-vitrine.
Ce sont de petites rivières qui font des grands cours d’eau.
Nous sommes en plein dans les années 1980 avec des journaux tels que Bingo, La Gazette , Le combattant.
Il fallait rouvrir cette brèche et cette manière de caricaturer la société en touchant toutes les sensibilités au travers des insolites rigolos mais instructifs et moins huilé de politique dont les grandes unes ont fait leur lit, bataille de réseaux, de cercles ésotériques devenu fatigant. Pour comprendre cette situation, revenant il ya trois décennies le peuple voulait des libertés et le vent de la démocratie soufflait et la presse s’offrait comme un espace de débat et avait le vent en poupe dans les années 1990. « Le messager a précédé le vent d’Est »
Il me plait de louer ici le courage, l’opiniâtreté, la foi et l’ambition d’aller toujours de l’avant car ce que beaucoup de gens ignorent c’est qu’à l’époque ou naissait « le messager » dans le sillage de la « gazette » il fallait être un peu fou pour s’investir et investir dans la presse. Le contexte était tel que la plupart de ceux qui aujourd’hui s’érigent en champions de liberté n’osaient pas prendre la plume pour exprimer leur opinion sur le plus banal des faits dans un journal. Tout le monde avait peur.
Vous me direz que même aujourd’hui, les journalistes ne sont pas entièrement à l’abri des entraves de toutes sortes maintenues par des forces réactionnaires.
Mais ils ont au moins l’avantage d’exercer dans un environnement ou l’arbitraire systématique a considérablement reculé. Et surtout un contexte ou ils ne sont plus seuls à se battre.
Il ya vingt ans les dénonciations d’Amnesty International n’avaient aucun effet sur les pouvoirs dictatoriaux d’Afrique. Il ya avait pas « reporters sans frontière » pour voler au secours des journalistes menacés. La communauté internationale se taisait faute de cautionner toutes les atteintes aux droits de l’homme tant que cela profitait à l’un ou l’autre des deux blocs pris dans le glacis de la guerre froide.
Et c’est au regard de tout cela que l’aventure de PIUS NJAWE prend la dimension d’un véritable parcours du combattant. « Le messager » n’a pas attendu que commence à souffler « le vent d’Est » ou que tombe le mur de Berlin pour se lancer dans la croisade pour la liberté.
Le journal est né et s’est développé à un moment ou le Cameroun était régi par des lois et des pratiques liberticides contre lesquels rares étaient ceux qui prenaient le risque de se battre, PIUS NJAWE; encouragé par quelques ainés a pris ce risque là.
Et non seulement il l’a fait mais il a tenu le cap depuis vingt ans et a permis à son journal de survivre à tous les périls pour ceux qui savent, cela relève de l’exploit
Qu’on le veuille ou non, qu’on soit d’accord ou pas avec lui, il y a lieu de reconnaitre que le jeune Comédien en herbe, grand admirateur de René .
Philombe, qui, un jour vint frapper à la porte de la gazette, a vraiment fait du chemin. Extrait de l’article d’Abodel Karimou Africus Paru dans le messager spécial 20ème anniversaire le Mercredi 24 Novembre 1999.
S’il est vrai que l’histoire de la conquête de la liberté d’expression donne la part belle Puis Njawé et qu’elle est jalonnée par l’histoire des heurts qui emmaillent le parcours du journal le messager dont ci-dessous je fais un briefing de ces événements, il ne faut pas oublier ses confrères, ses frères d’armes. Henriette Ekwé, Suzanne KOLA LOBE, Patrice DEDI PENDA, EYOUM’MA’TOH, Samuel ELEME, Severin TCHOUKEU, Benjamin ZEBAZE, Michel MICHAULT MOUSSALA, Jacques DOBELL, Jean Baptiste SIPA, Edouard KINGUE, Célestin LINGO et Bien autres que je m’excuse de ne pas les citer nommément comme le directeur de publication de génération.
Quand je me replonge dans l’univers et mon enfance et surtout de l’adolescence. Je me souviens de Bingo, l’une des premières publications Camerounaises que j’ai lues après peu, j’ai découvert la gazette d’Abodel Karimou Africus.
Ces deux publications étaient fortement ancrées dans les faits divers, les chiens écrasés mais subtilement, elles faisaient une critique pas trop osée des hommes politiques.
Il a fallu atteindre l’ère PIUS NJAWE pour voir une presse déchainée, une presse assez critique dont l’histoire est parsemée de Heurts avec le pouvoir.
• Février 1980, le ton est donné pour la répression de ce journal qui dérange, du 16 au 17 Février, se tiennent à Bafoussam les assises du IIIème congrès ordinaire de l’UNC. Le messager bien que basé à Bafoussam ne figure pas parmi les médias accrédités. Ce sera le début du long chemin de croix.
•la presse privée au Cameroun a été un acteur majeur dans la conquête des libertés individuelles et collective son dynamisme et sa capacité à décrier les horreurs et les exactions du pouvoir a fait d’elle un acteur d’avant-garde pour le respect des droits de l’homme au Cameroun.
En frayant son chemin, elle a bâti les sentiers de la liberté pour tout le peuple Cameroun mais seulement, elle reste condamnée dans la grande misère. S’il faut reconnaitre la pluralité des titres.
Sa capacité à décrier les horreurs et les exactions du pouvoir a fait d’elle un acteur d’avant-garde pour le respect des droits de l’ homme au Cameroun.. S’il faut reconnaitre la pluralité des titres il faut admettre que les bureaux sont des cybercafés pour d’aucuns ou ils se prennent les rendez- vous pour travailler, il reste assez difficile d’identifier réellement le siège social de plusieurs canards. Les journalistes sont mal payés, ils ne jouissent tous d’une garantie retraite, ils n’ont pas les matricules CNPS
En cette année 2015 les lignes ont louablement bougés, juste après la mort de NOE DJEbET MASSOUSI, le secrétaire général de la Snjc (syndicat national des journalistes du Cameroun) sous la houlette de Denis Kwebo, secrétaire intérimaire, après moult tractations le gouvernement a légalement délivré les cartes de presse aux journalistes.
Ceci est une grande victoire et un ouf de soulagement pour le corps de.la presse elle a eu son heure de gloire mais elle passe des moments difficile et il fallait penser autrement.
Ces petites coupures n’inventent rien de neuf mais ils ont le mérite de lire la situation conjoncturelle de la presse et d’y proposer des pistes de sortie.
Seul dieu sait si à 100fcfa ils s’en sortent mais au-delà de l’aspect économique du projet, je vois l’impact social, éducatif et instructif même les bayam sallam, les écoliers, les pousseurs s’arrachent ces feuilles de choux.
La culture de lecture, cet esprit que nous voulons inculquer à la jeunesse voir au peuple camerounais passe aussi par ce choix de rendre la lecture, la bonne lecture accessible à tous.
Vivement que ce projet de lire moins cher tienne la route pour longtemps.

Étiquettes
Partagez

Commentaires